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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/69

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1675
perdra cette contestation contre le maréchal d’Albret, et que la règle sera générale. C’est le Roi qui doit dans peu de jours prononcer sur cette affaire.

Je passe droit au cuisinier. Voilà une terrible chose que le vôtre s’en soit allé avec l’officier. En vérité je ne me mêlerai point de vous en envoyer, à moins que ce fût une perle, si orientale, que l’on fût assuré de n’en avoir aucun reproche. Mais voici ce qui arrive. J’ai mon cuisinier qui est tellement au-dessus de mon mérite que franchement il me fait pitié. L’idée d’avoir été à moi le gâtera peut-être auprès de vous. Vous vous souvenez encore de celui qui vouloit se retirer, et qui craignoit le feu, qui me vouloit servir ; mais pour vous remettre, songez que celui-ci a appris son métier avec maître Claude, que vous approuvez. Il a été dans des bonnes maisons, et le premier président de Grenoble[1], à qui je l’ai ôté par maître Claude, n’est pas consolable de ne l’avoir plus. Je l’ai donné à M. de la Garde, pour deux cent cinquante livres de gages, sans profits. Vous le verrez à Grignan, vous le ferez travailler, vous verrez s’il vous est agréable, et vous ordonnerez. Il vous demeurera, si vous vous accommodez de lui, et s’il s’accommode de vous, car ce sont deux ; sinon il reviendra avec la Garde, et comme il n’envisage que lui, vous n’êtes chargée de rien. Pour moi je pleure de le quitter ; il nous fait des ragoûts d’aloyau et de concombres que nous préférons à tout. Il a un goût droit qui me plaît. Voilà tout ce que je puis dire sur ce beau chapitre.

Lundi au soir.

J’ai causé une heure avec M. de Pompone et Mme de Vins ; nous avons un peu battu la Provence, après plu-

  1. Le premier président du parlement de Grenoble était en ce temps-là Denis le Goux de la Berchère.