Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/112

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1676 que pas un n’y manquera. Il est pourtant certain qu’on pouvoit mieux tourner de certains endroits ; mais le Roi a voulu laisser la liberté, pourvu qu’il n’y ait pas d’affectation, auquel cas il n’y auroit qu’à se plaindre. M. de Grignan verra comme cette année se passera.

M. de Coulanges vous avoit écrit une très-jolie lettre semée de vers par-ci par-là : il vous contoit tous les soins et toutes les inquiétudes qu’on a fait paroître[1] à Mme  de Coulanges dans sa maladie ; et qu’il n’y avait que la marquise de la Trousse, qui en était demeurée en Berry sur l’endroit de son extrémité, mourant de peur d’apprendre une résurrection[2] Cet endroit, quoique cette malade en eût déjà ri, s’est présenté à son esprit avec quelque vapeur noire, de sorte qu’elle l’a improuvé ; et en même temps son mari a pris la lettre, et l’a chiffonnée comme un petit enfant, et l’a jetée dans le feu. Nous sommes demeurés tous étonnés[3], et il en a fait une autre dans son chagrin, qui, en vérité, est plus plate que la feuille de papier sur quoi elle est écrite. La vôtre étoit admirable : nous la considérâmes comme une pièce digne d’être gardée, pour s’en parer dans de pareilles occasions.

M. de la Vallière est mort je ne sais comment ; je hais toujours que les hommes aient mal au derrière : on lui

  1. 6. C’est le texte de 1734. Le mot paroître manque dans notre copie ; l’édition de 1754 porte : « qu’on a marqués ; » et un peu plus loin : « et que la marquise de la Trousse, qui en étoit demeurée en Berry sur la nouvelle de son extrémité, étoit seule à mourir de peur d’apprendre une résurrection. »
  2. 7. La marquise de la Trousse était si jalouse du prétendu attachement de son mari pour Mme  de Coulanges, qu’on croyoit pouvoir hasarder cette plaisanterie. (Note de Perrin.) — Voyez la lettre du 20 septembre 1679.
  3. 8. « Tout étonnés. » (Édition de 1754.)