Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/137

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pêcher. Je tremblerai en ouvrant votre première lettre : c’est ce qui m’arrive souvent. Je n’aime point votre petit torticolis : c’est toujours une douleur sensible et importune, quoique en petit volume. L’année passée vous en aviez un aussi, et en vous faisant réponse à cette lettre je fus accablée du mien, et dès ce jour-là vous perdîtes de vue ma pauvre écriture. L’eau de la reine d’Hongrie me fit beaucoup de mal ; je vous en avertis ; je ne laisse pas de vous en demander quand vous viendrez, car c’est toujours la folie de bien des gens, et de moi-même quelquefois.

Jamais je n’ai vu[1]une si brillante lettre que votre dernière : j’ai pensé vous la renvoyer pour vous donner le plaisir de la lire ; et j’admirois en la lisant qu’on puisse souhaiter[2] avec tant de passion de n’en plus recevoir. Voilà pourtant l’affront que je leur fais[3] : il me semble que vous traitez bien mieux les miennes.

Cette Raymond[4] est assurément, hem ! hem ! avec cette coiffe que vous connoissez ; elle a été attirée, comme vous dites, par le desir d’entendre la musique du paradis ; et nos sœurs l’ont été par le desir de sept mille francs en fonds, et de mille francs de pension, moyennant quoi elle sort quand elle veut, et elle le veut souvent. Nous n’avons point encore eu de pareilles marchandises ; mais la beauté de notre maison nous fait passer par-dessus tout. Pour moi, j’en suis ravie, car sa chambre et sa voix sont charmantes, hem ! hem ! il me semble que je vous entends[5].

  1. 3. « Il n’y eut jamais. » (Édition de 1754.)
  2. 4. « Qu’on pût souhaiter. » (Ibidem.)
  3. 5. Dans les deux éditions de Perrin : « que je fais à vos lettres »,
  4. 6. Voyez ci-dessus, p. 114. — Tout cet alinéa et la première phrase de l’alinéa suivant manquent dans l’édition de 1734.
  5. 7. Ce membre de phrase ne se trouve que dans le manuscrit.