1676 Mme de Vins passa un jour tout entier avec moi : il me semble qu’elle vous aime fort ; vous devez lui donner tous les avis qu’on vous donne ; elle meurt d’envie que vous fassiez ensemble quelque chose de bon. Adieu, ma très-chère et très-aimable : je vous embrasse tendrement.
Je me doutois bien que la comparaison du soleil vous toucheroit[1], et qu’elle pourroit vous faire hâter votre voyage, pour achever la parfaite conformité de vous à ce grand astre. J’espère que nous ne serons pendus ni les uns ni les autres : nos ennemis s’en vont[2], et ma liberté approche par conséquent ; et pour M. de Grignan, j’apprends que les Provençaux sont plus dociles que je ne croyois[3] : notre famille ne sera donc point honnie pour ce coup. Vous avez eu le petit cardinal ; je suis fâché que le grand[4] n’y ait pas été aussi : cette petite entrevue, qui auroit proprement été un dernier adieu, vous auroit fait plaisir, malgré les tristes réflexions qui l’auroient suivie. Adieu, ma très-belle ; adieu, mon soleil : vous ferez bien de nous venir réchauffer, car celui-ci ne fait guère bien son devoir ; il ne faut pourtant pas s’en plaindre. Je salue M. de Grignan.
- ↑ 6. Voyez l’apostille de Charles de Sévigné à la lettre du 4 novembre précédent, p. 129.
- ↑ 7. La Gazette du 14 novembre et celle du 21 annoncent, en date de Liège, que les troupes ennemies sont envoyées, par différents chemins, dans les quartiers divers qu’on leur a assignés.
- ↑ 8. Voyez les deux lettres suivantes et celle du 13 novembre précédent, p. 139.
- ↑ 9. Le petit cardinal est le cardinal de Bouillon ; et le grand, le cardinal de Retz.