Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677 est la plus forte. C’est aussi dans cette confiance, mon très-cher Comte, que je vous recommande encore ma fille : observez-la bien, parlez à Montgobert, entendez vous ensemble pour une affaire si importante. Je compte fort sur vous, ma chère Montgobert. Ah ! ma chère enfant, tous les soins de ceux qui sont autour de vous ne vous manqueront pas, mais ils vous seront bien inutiles, si vous ne vous gouvernez vous-même. Vous vous sentez mieux que personne et si vous trouvez que vous ayez assez de force pour aller à Grignan, et que tout d’un coup vous trouviez que vous n’en avez pas assez pour revenir à Paris ; si enfin les médecins de ce pays-là, qui ne voudront pas que l’honneur de vous guérir leur échappe, vous mettent au point d’être plus épuisée que vous ne l’êtes, ah ! ne croyez pas que je puisse résister à cette douleur. Mais je veux espérer qu’à notre honte tout ira bien. Je ne me soucierai guère de l’affront que vous ferez à l’air natal, pourvu que vous soyez dans un meilleur état. Je suis chez la bonne Troche, dont l’amitié est charmante : nulle autre ne m’étoit propre. Je vous écrirai encore demain un mot : ne m’ôtez point cette unique consolation. J’ai bien envie de savoir de vos nouvelles ; pour moi, je suis en parfaite santé, les larmes ne me font point de mal. J’ai dîné ; je m’en vais chercher Mme  de Vins et Mlle  de Méri. Adieu, mes chers enfants : que cette calèche que j’ai vue partir est bien précisément ce qui m’occupe et le sujet de toutes mes pensées !


de madame de la troche.

La voilà cette chère commère qui a la bonté de me faire confidence de sa sensible douleur. Je viens de la faire dîner ; elle est un peu calmée. Conservez-vous, belle Comtesse, et tout ira bien ; ne la trompez point sur votre