Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/21

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plus tant : peut-être qu’elle attend le Grand Seigneur, ou le grand vizir que nous aimons tant[1].

La princesse d’Harcourt est accouchée à cinq mois d’un enfant mort depuis plus de six semaines : aussi a-t-elle pensé mourir mais elle est mieux, et ce qui la guérira sans aucun doute, c’est qu’on l’a fait transporter à Clagny[2], crainte du bruit : Mme de Montespan en a des soins extrêmes Dieu sait si la reconnoissance sera tendre.


À Livry.

Je viens de recevoir votre lettre du 2e : vous avez été au Saint-Esprit, ma fille ; c’est pour être bien fatiguée : vous pouviez ne m’écrire que trois lignes, je l’eusse approuvé. C’eût été une plaisante chose que vous y eussiez trouvé le grand maître : je vois bien que vous croyez que je l’aurois trouvé encore plus plaisant que vous. Je verrai bientôt Gourville, et lui parlerai de Vénejan[3] : c’est une situation admirable ; mais il ne faut pas le vendre à vil prix, comme on vend aujourd’hui toutes les terres. Le pauvre M. le Tellier a acheté Barbesieux[4], une des belles de France, au denier seize[5] : c’est en vérité une raillerie. Peut-être que M. le prince de Conti,

  1. 7. Achmet Coprogli. Voyez plus haut, p. 6, et tome IV, p. 449, note 10.
  2. 8. Voyez tome IV, p. 21, note 29.
  3. 9. Vieux château sur une hauteur qui domine le Rhône, près de la route du Pont-Saint-Esprit. C’était un marquisat appartenant au comte de Grignan. (Note de l’édition de 1818.)
  4. 10. À trente-quatre kilomètres sud-ouest d’Angoulême. C’était une seigneurie de Saintonge, avec titre de marquisat ; les la Rochefoucaulds la possédèrent longtemps. Louvois donna à son troisième fils le titre de marquis de Barbesieux.
  5. 11. C’est-à-dire qu’on pouvait évaluer le revenu de la terre à six un quart pour cent du prix qui en avait été payé.