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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/211

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vôtre, et qu’à vous détourner, tant que vous pourriez, de la pensée de ce pauvre petit garçon que vous avez perdu : j’ai peur qu’avec tous vos beaux discours vous ne vous en fassiez un dragon  : ma très-chère, ayez pitié de vous et de moi. J’espère que cette lettre ne vous paroîtra pas trop longue. Ne voudroit-on point nous dire encore, après nous avoir assurées qu’il n’y a rien de mieux que d’être à deux cents lieues l’une de l’autre, qu’il faut aussi ne nous plus écrire ? Je le voudrois.


1677

624. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 14e juillet.

de madame de sévigné.

C’est par l’avis du médecin que vous ne m’aimez quasi plus, ma chère fille : de la manière dont vous me dites que vous vous en portez, ce remède se peut mettre[1] en comparaison avec la poudre du bonhomme ; il est même un peu violent, mais aussi on joue à quitte ou à double. Je ne vous dirai point ce que me feroit la diminution d’une amitié qui m’est si chère ; mais je vous dirai bien la joie que j’ai de savoir que vous dormez et que vous mangez. Si vous vouliez me donner une véritable marque de cette amitié que vous aviez autrefois, ce seroit de vous préparer à prendre du lait de vache ; cela vous rafraîchiroit, et vous donneroit un sang raisonnable, qui n’iroit point[2]

  1. Lettre 624. — 1. « À la manière dont vous dites que vous vous en portez, on juge que ce remède se peut mettre, etc, » (Édition de I754.)
  2. 2. « Et vous donneroit un sang qui n’iroit pas, etc. » (Ibidem.)