Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/235

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1677 faire Mme  de Guénégaud pour sa maison : si elle n’a rien fait alors, nous prendrons notre résolution, et nous en chercherons une pour Noël. Ce ne sera pas sans beaucoup de peine que je perdrai l’espérance d’être sous un même toit avec vous ; peut-être que tout cela se démêlera à l’heure que nous y penserons le moins. Je crois que M. de la Garde s’en ira bientôt ; je lui dirai adieu à Paris : ce vous sera une augmentation de bonne compagnie. M. de Charost[1] m’a écrit pour me parler de vous ; il vous fait mille compliments.

Je crois, ma fille, que je serois fort de votre avis[2] sur le poëme épique : le clinquant du Tasse[3] m’a charmée. Je m’assure[4] pourtant que vous vous accommoderez de Virgile : Corbinelli me l’a fait admirer ; il faudroit quelqu’un comme lui pour vous accompagner dans ce voyage. Je m’en vais tâter du Schisme des Grecs[5] : on en dit du bien ; je conseillerai à la Garde de vous le porter. Je ne sais aucune sorte de nouvelle. Je vous embrasse de toute la tendresse de mon cœur[6].


de charles de sévigné.

Ah, pauvre esprit ! vous n’aimez point Homère. Les

  1. 11. Voyez tome II, p. 527, note 18.
  2. 12. « J’aurois tout l’air, ma fille, de penser comme vous. » (Édition de 1754.)
  3. 13. À Malherbe, à Racan, préférer Théophile,
    Et le clinquant du Tasse à tout l’or de Virgile.

    (Boileau, Satire IX À mon esprit. — Cette neuvième satire, composée en 1667, avait été publiée en 1668.)

  4. 14. « Je crois. » (Édition de 1754)
  5. 15. L’Histoire du schisme des Grecs, par le P. Louis Maimbourg, de la Compagnie de Jésus, venait d’être publiée cette année même. L’achevé d’imprimer est du 10 mars.
  6. 16. Cette dernière phrase ne se lit pas dans l’impression de 1754.