Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/250

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1677 bien, on l’assaisonne d’agrément, et cela est délicieux. Eh mon Dieu[1], ne vous trouverez-vous jamais en cet état ? Faut-il toujours labourer et tirer le diable par la queue ? Un peu de philosophie ou de dévotion : sans cela on se pendroit. Cette maréchale, que je vis hier, vous fait mille amitiés : elle dit qu’elle n’est plus votre camarade, et qu’elle voudroit qu’on vous eût fait un aussi joli présent qu’à elle.

On parle fort des plaisirs infinis de Fontainebleau. Fontainebleau me paroît un lieu périlleux : il me semble qu’il ne faut point faire changer de place aux vieilles amours, non plus qu’aux vieilles gens. La routine fait quelquefois la plus forte raison de leurs attachements ; quand on les dérange, ce n’est plus cela. Mme  de Coulanges est fort priée, pressée, importunée d’y aller : elle y résiste par la raison de la dépense[2], car il faudroit trois ou quatre habits de couleur. On lui dit : « Allez-y en habit noir. — Ah, Jésus ! en habit noir ! » Vous croyez bien que la raison de la dépense ne l’en empêchera pas.

Le maréchal de Créquy a été assez mal ; on lui mande que s’il étoit pis, il n’auroit qu’à laisser l’armée au maréchal de Schomberg. N’avez-vous pas ouï conter des boiteux que le feu ou quelque chien a fait marcher et courir comme des Basques ? Ma fille, voilà l’affaire : le nom de M. de Schomberg a été un remède souverain pour guérir le maréchal de Créquy. Il ne se jouera plus à être malade, et nous verrons comme il se démêlera des Allemands.

Le Coadjuteur s’est fort bien démêlé de l’affaire de ses bois : il les vendra ; il me paroît le favori de M. Colbert ; sérieusement il est heureux ; son visage est so-

  1. 13. Cette petite phrase et les deux suivantes manquent dans les deux éditions de Perrin.
  2. 14. « À cause de la dépense. » (Édition de 1754)