1677 vous serviez de vos maximes pour moi comme pour vous, je n’irois pas à Vichy. Votre petit-lait seroit, ce me semble, un assez joli remède. Je finis ce soir, pour achever quand j’aurai reçu votre lettre.
Je la reçois, ma chère enfant, cette lettre du 4e ; elle est d’une assez jolie taille. Laissez-nous aimer et admirer vos lettres ; votre style est un fleuve qui coule doucement et qui fait détester tous les autres. Ce n’est pas à vous d’en juger ; vous n’en avez pas le plaisir, vous ne les lisez pas ; nous les lisons et les relisons, et nous ne sommes pas de trop mauvais juges : quand je dis nous, c’est Corbinelîî, le Baron et moi. Je reprends, ma fille, les derniers mots de votre lettre ; ils sont assommants : « Vous ne sauriez plus rien faire de mal, car vous ne m’avez plus : j’étois le désordre de votre esprit, de votre santé, de votre maison ; je ne vaux rien du tout pour vous. » Quelles paroles ! comment les peut-on penser ? et comment les peut-on lire ? Vous dites bien pis que tout ce qui m’a tant déplu, et qu’on avoit la cruauté de me dire quand vous partîtes. Il me paroissoit que tous ces gens-là avoient parié à qui se déferoit de moi le plus promptement. Vous continuez sur le même ton. Je me moquois d’eux quand je croyois que vous étiez pour moi ; à cette heure, je vois bien que vous êtes du complot. Je n’ai rien à vous répondre que ce que vous me disiez l’autre jour : « Quand la vie et les arrangements sont tournés d’une certaine façon, qu’elle passe donc cette vie tant qu’elle voudra[1] et même le plus vite
- ↑ 36. Dans l’édition de Rouen (1726) on n’a imprimé en italiques, comme étant le discours de Mme de Grignan, que le premier membre de phrase, depuis quand jusqu’à façon ; dans l’impression de la