Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/361

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1677 du mérite de ma nièce de Coligny, que j’aime et qui me plaît. Parmi tant de bonnes choses, j’avois un petit regret de ne vous avoir pas demandé à voir quelque chose de vos mémoires, pour lesquels j’ai un goût extraordinaire. Je ne comprends pas comment je ne m’en avisai point. Je suis fort aise que, de votre côté, vous m’ayez trouvé un peu à dire. Vous vous étiez donc réchauffé pour moi en me voyant : c’est un bon signe quand l’amitié redouble par la présence. Pour moi, je crois que nous nous aimons encore plus que nous ne pensons.

Cette Puisieux étoit bien épineuse ; Dieu veuille avoir son âme ! Il falloit, comme vous dites, charrier bien droit avec elle[1]. Quand elle fut prête à mourir l’année passée, je disois, en voyant sa triste convalescence et sa décrépitude[2] « Mon Dieu ! elle mourra deux fois bien près l’une de l’autre. Ne disois-je pas vrai ? Un jour Patris[3] étant revenu d’une extrême maladie à quatre-vingts

    Coli-, que j’aime et qui me plaît. Parmi tant de bonnes choses, un petit serpent me dévoroit : c’est le repentir de n’avoir pas vu quelque chose de vos mémoires, pour lesquels j’ai un goût extraordinaire. Je ne comprends pas comment cela s’est pu faire. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) — Il est bien vraisemblable qu’ici, comme en maint autre endroit, c’est ce manuscrit qui a conservé le vrai texte (surtout dans ce passage : « un petit serpent me dévoroit : c’est le repentir, etc. » ). Mais combiner le texte des deux copies serait chose bien délicate et bien arbitraire, et il nous a paru plus sage, nous l’avons déjà dit, de suivre constamment l’un des deux, à moins de quelque raison vraiment déterminante, et de donner en note les variantes de l’autre.

  1. 2. Voyez tome II, p. 13, note 2, et la lettre de Bussy du 15 septembre précédent, p. 319.
  2. 3. « Et sa vieillesse. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  3. 4. Pierre de Patris ou Patrix, né à Caen en 1583, était premier maréchal des logis de Gaston, duc d’Orléans, et resta auprès de Marguerite de Lorraine, sa veuve, en qualité de premier écuyer. Il mourut le 6 octobre 1671, à l’âge de quatre-vingt-huit ans, et fut enterré aux Filles du Calvaire de la rue de Vaugirard. Ses poésies,