Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/372

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1677 il passe le reste dans des distillations et des distinctions de métaphysique avec dom Robert[1], qui le font mourir.

  1. 33. « Le cardinal de Retz, retiré à Commerci, y passait son temps avec deux personnes, toutes deux de l’ordre de Saint-Benoît, de la congrégation de Saint-Vannes et de Saint-Hidulphe, dom Hennezon, abbé de Saint-Mihiel, à trois lieues de Commerci, et dom Robert Desgabets, alors prieur de l’abbaye du Breuil, située dans un faubourg même de Commerci… Les étranges modifications que le prieur de Breuil apportait à la doctrine de Descartes n’avaient été nullement du goût du prieur et des religieux de Saint-Mihiel. Il se tenait à Saint-Mihiel de vraies conférences philosophiques et théologiques devant le Cardinal : c’était une dispute réglée ; on présentait des arguments ; on répondait en forme, et il paraît que dom Robert était toujours condamné. (M. Cousin, Fragments de philosophie cartésienne, p. 118 et 119 de l’édition de 1852.) — « Robert Desgabets, né dans le diocèse de Verdun, entré en 1636 dans la congrégation de Saint-Vannes et de Saint-Hidulphe, y remplit successivement les emplois de professeur, de définiteur, de prieur et de procureur général. Il se distingua par le zèle qu’il mit à ranimer dans son ordre le goût des fortes études. Il adopta de bonne heure le cartésianisme, mais beaucoup plus en physique qu’en métaphysique. Il a revendiqué la première expérience de la transfusion du sang, qui paraît en effet lui appartenir. Envoyé à Paris en qualité de procureur général de sa congrégation, il profita du séjour qu’il y fit pour se lier avec les principaux cartésiens, Clerselier, Régis, Rohault, le P. Poisson et Malebranche. Lorsque celui-ci fut attaqué par Faucher, dom Desgabets prit sa défense dans un écrit imprimé en 1676 et qui a pour titre Critique de la critique de la Recherche de la Vérité, où l’on découvre le chemin qui conduit aux connaissances solides, pour servir de réponse à la lettre d’un académicien. C’est le seul ouvrage de dom Desgabets qui ait vu le jour. Mais il en avait écrit un très-grand nombre d’autres sur les points les plus délicats de la philosophie et de la théologie. Les explications qu’il tenta du mystère de l’eucharistie excitèrent des ombrages qu’il dissipa par une prompte et entière soumission aux décisions de l’Église. Il passa la fin de sa vie dans le monastère du Breuil… et il y mourut le 13 mars 1678, laissant une mémoire très-honorée dans son ordre, et dans le monde la réputation d’un homme d’un esprit peu ordinaire, disciple à la fois et adversaire de Descartes, hasardeux en philosophie, un peu novateur en théologie, et par-dessus tout ardent ami de la vérité, des libres discussions et des sérieuses études. » (Même