moi-même de plus honorable de Louis XIV ? Ces injustices-là me dégoûtent des louanges, Madame, et j’aimerois mieux qu’on ne dit point de bien de moi, que de me confondre avec quelqu’un que je croirois indigne d’être loué.
1678
685. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN ET À MADAME DE COLIGNY.
Que dites-vous de la prise de Gand[1] ? Il y avoit longtemps, mon cousin, qu’on n’y avoit vu un roi de France. En vérité le nôtre est admirable et mériteroit bien d’avoir d’autres historiens que deux poètes[2] : vous savez aussi bien que moi ce qu’on dit en disant des poëtes ; il n’en auroit nul besoin : il ne faudroit ni fable, ni fiction pour le mettre au-dessus des autres ; il ne faudroit qu’un style droit, pur et net, comme j’en connois. J’ai toujours cela dans la tête, et je reprendrai le fil de la conversation avec le ministre[3], comme le doit une bonne Françoise.
Ces deux poëtes historiens suivent donc la cour, plus ébaubis que vous ne le sauriez penser, à pied, à cheval, dans la boue jusqu’aux oreilles, couchant poétiquement
- ↑ Lettre 685. — 1. Gand fut investi le 3 mars ; Louis XIV arriva le 4 au camp ; le 5 on ouvrit la tranchée, et le 10 la place capitula.
- ↑ 2. On lit ici en marge, dans notre manuscrit, les noms de Racine et de Boileau, écrits d’une autre main que celle de Bussy.
- ↑ 3. Voyez la lettre du 14 janvier précédent, p. 406.
avait préparés, ou lui fournissait des notes pour en composer. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez l’étude que M. Dreyss a placée en tête des Mémoires de Louis XIV pour l’instruction du Dauphin.