Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/493

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1678 été de tous ! En quelque lieu que nous nous trouvions jamais vous et moi, je vous montrerai tout ce que je croirai qui vous pourra plaire, car personne n’en a plus d’envie que moi, et vous jugez bien par ce que je vous ai dit que je ferois si j’étois Roi, que je ne ferois pas moins, si je pouvois, comme gentilhomme. Mme  de Coligny vous rend mille grâces de l’honneur de votre souvenir, et de vos louanges ; elle vous aime et vous estime autant que vous le méritez, c’est-à-dire infiniment.


à madame de sévigné.

Vous n’aviez que faire[1] de me nommer la belle Madelonne pour me la faire connoître, Madame : je l’ai reconnue à ses traits délicats, et je ne sais pas même si mon cœur ne m’en a pas dit quelque chose. Ce qui me l’avoit un peu déguisée, c’est la noirceur de son encre[2] ; mais je vois bien qu’elle commence à écrire des choses qu’elle veut bien qu’on lise, et qui ne passeront jamais.

Si vous vous entretenez de moi tous trois, nous vous rendons bien le change, Mme  de Coligny et moi ; nous faisons plus, nous en entretenons les gens dignes de vous comprendre ; et c’est à vous plus qu’à personne à qui nous sommes redevables de notre incorruptibilité : voilà un grand mot, mais il dit bien ce que je veux dire. Vous m’avez écrit le combat de M. de Luxembourg, et les glorieuses souffrances de M. de Sévigné, et je m’en

  1. 8. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « Vous n’ayez que faire ; » trois lignes plus loin : « si avec cela mon cœur. » L’avant-dernière phrase du paragraphe suivant (voyez plus haut, p. 483, note 9) manque dans ce manuscrit, qui, dans la dernière phrase, donne dire, au lieu de répondre.
  2. 9. Voyez au tome III, la lettre du 10 septembre 1674 (p. 419) et plusieurs des lettres suivantes.