Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/535

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1679 définitions, Monsieur ; toute la différence qu’il y a entre nous deux, c’est que je suis un peu plus occupé d’ailleurs que vous, et que vous y songez davantage que moi. Mais quand on me met en train de définir, je ne veux plus faire autre chose.L’honnête homme[1] est un homme poli et qui sait vivre ; l’homme de bien regarde la religion : le galant homme est une qualité particulière qui regarde la franchise et la générosité ; l’homme d’honneur est un homme de parole, et cela regarde la probité ; le brave homme, dont vous ne me parlez pas, ne regarde que le courage[2].

Le goût dans la signification naturelle est, comme tout le monde sait, un des cinq sens de nature ; dans le figuré, il veut dire l’estime des bonnes choses ; le discernement, c’est le bien juger du mérite des gens et des ouvrages ; la délicatesse se définit assez par elle-même : cependant si l’on veut une paraphrase pour la faire mieux entendre, c’est une finesse dans l’esprit ; Mme de Coligny y ajoute encore une justesse.

Voilà, Monsieur, à mon avis, le bon usage. Nous vous avons déjà défini[3]le bon sens, le jugement, l’esprit, la raison, l’honnêteté, la politesse et la civilité mais vous répliquez si tard à nos lettres que vous oubliez ce que nous vous mandions. N’y manquez donc pas, Monsieur, à passer à Bussy, et si je n’y étois pas, poussez jusqu’à

    est précédée de ces mots : « voici ce que je mis dans la même lettre pour Corbnelli. »

  1. 8. L’article a été supprimé par Bussy dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, qui donne simplement : « Honnête homme… homme de bien… galant homme… etc. »
  2. 9. On lit de plus ici, dans l’édition de 1818 « le bon homme, que vous avez encore oublié, veut dire un sot. » Ces mots manquent dans les deux manuscrits. — Voyez dans les Caractères de la Bruyère, le chapitre des Jugements, où sont définis comparativement l’honnête homme, l’habile homme et l’homme de bien.
  3. 10. Voyez ci-dessus, p. 512 et 513