Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/106

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1679 mirez-vous point comme tout est mêlé en ce monde, et comme rien n’est pur, ni longtemps dans une même disposition ? Je crois que vous entendez bien tout ce que je veux dire ; vraiment il y auroit longtemps à causer sur tout ce qui se passe présentement.

Adieu, ma très-chère belle. Je voudrois que Mme  de Cauvisson vous donnât de son bonheur plutôt que de sa tête[1]. Celle de mon fils est en basse Bretagne ; je ne sais si l’un de ses lui[2] est avec Mlle  de la Coste ; mais je suis persuadée, comme vous, que ce ne seroit pas trop des trois. J’attends de ses nouvelles à la remise[3] à Nantes. Le bon abbé est extrêmement enrhumé ; tout le monde l’est, hormis moi. Je me ferai saigner ce carême ; vous m’en expliquez fort bien la nécessité. Le petit ne se guérira pas de la toux[4], qu’avec du lait d’ânesse : c’est l’ordinaire de la rougeole d’affoiblir la poitrine ; c’est pour cela que je tremblois[5] pour vous. Le chevalier[6] est comme guéri. La Garde ne partira point que ses affaires ne soient tournées ; mais aussi, dès qu’il pourra partir, rien au monde ne seroit capable de l’arrêter. Je vous embrasse, ma chère enfant, et ne desire rien plus fortement que de vous embrasser en corps et en âme.

    pone; mais Colbert, plus adroit, l’avait fait donner à son frère. Voyez la lettre du 8 décembre suivant, p. 136. — Nous suivons le texte de 1734 ; celui de 1754 donne « tempéroit un peu la joie, dont l’excès auroit été trop marqué sans ce crêpe. »

  1. 37. Sur les désespoirs de Mme  de Cauvisson à propos des choses les plus communes de la vie, voyez la lettre à Bussy, du 12 juillet 1690.
  2. 38. Voyez la lettre du 2 novembre précédent, p. 75.
  3. 39. Terme de chasse. Voyez le commencement de la lettre du 28 septembre 1680, adressée à Bussy.
  4. 40. « Ne se guérira de la toux. » (Édition de 17S4.)
  5. 41.. « Que j’en tremblois. » (Ibidem.)
  6. 42. Cette phrase et la suivante ne sont données que par l’édition de 1754.