Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/14

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1679 et que tout cela vous achemine à la bise de Grignan[1], et que ce pauvre sang, déjà si subtil, est agité de cette sorte ; ma très-chère, il me faut un peu pardonner, si je crains et si je suis troublée pour votre santé. Tâchez d’apaiser et d’adoucir ce sang, qui doit être bien en colère de tout ce tourment. Pour moi, je me porte très-bien ; j’aurai soin de mon régime à la fin de cette lune : ayons pitié l’une de l’autre en prenant soin de notre vie.

Je vis hier Mlle de Méri ; je la trouvai assez tranquille. Il y a toujours un peu de difficulté à l’entretenir ; elle se révolte aisément contre les moindres choses, lors même qu’on croit avoir pris les meilleurs tons ; mais enfin elle est mieux ; je reviendrai la voir de Livry, où je m’en vais présentement avec le bon abbé et Corbinelli. Je puis[2] vous dire une vérité, ma très-chère c’est que je ne me suis point assez accoutumée à votre vue, pour vous avoir jamais trouvée ou rencontrée sans une joie et une sensibilité qui me fait plus sentir qu’à une autre l’ennui de notre séparation. Je m’en vais encore vous redemander à Livry, que vous m’avez gâté ; je[3] ne me reproche aucune grossièreté dans mes sentiments, ma très-chère, et je n’ai que trop senti le bonheur d’être avec vous.

Je vis hier Mme de Lavardin, et M. de la Rochefoucauld ; son petit-fils[4] est encore assez mal pour l’in-

    descendait à Lyon. Voyez la lettre du 27 septembre suivant. (Note de l’édition de 1818.)

  1. 11. Voyez tome V, p. 199, note 8.
  2. 12. « Voici une vérité que je puis vous dire c’est que je ne me suis pas assez accoutumée à votre vue, et à la joie que j’ai toujours de vous trouver et de vous rencontrer, pour ne pas sentir plus vivement qu’une autre l’ennui de notre séparation. » (Édition de 1754.)
  3. 13. Le reste de la phrase manque dans le texte de 1754.
  4. 14. « Dont le petit-fils, etc. » (Édition de 1754.) Sur ce petit-fils, voyez la lettre du 22 septembre suivant, p. 13 et 14, et la note 10.