Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/172

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1679 avalez un bon potage, et vous consommerez[1] ce que vous appelez une indigestion. Je voudrais[2] que la montre fût méchante, et que le cuisinier fût bon ; je voudrois vous avoir envoyé le mien, il est cent fois meilleur ; je suis un peu fâchée contre la Forêt d’avoir tant répondu d’un si vilain marmiton : nous avons tous été aveuglés.

Nous pouvons donc espérer de voir Monsieur le Coadjuteur, et lui voir une princesse[3] dans la multitude de ses poulettes. Sa ruelle étoit celle de la vieille princesse, où il y avoit[4] trois fauteuils tout de suite, et des siéges pliants ensuite ; et l’on se trouvoit à l’aventure sur ces chaises, et quand il venoit plus de duchesses qu’il n’y en avoit, elles avoient pour se consoler Mme de Brachane[5] et Mme d’Orval[6] sur des pliants : cette confusion étoit

  1. 31. « Et vous consumerez. » (Édition de 1754.)
  2. 32. Cette phrase ne se trouve que dans te texte de 1734. Tout l’alinéa manque dans notre manuscrit, qui ne donne, de toute la lettre, que le précédent et le suivant.
  3. 33. « Et de compter une princesse. » (Édition de 1754.)
  4. 34. « Étoit celle de la vieille princesse ; il y avait, etc. » (Édition de 1734.) — Cette phrase manque dans le texte de 1754, qui ne reprend qu’à : « Hélas que sait-on… » — Il nous paraît certain que Mme de Sévigné parle ici de la nouvelle princesse de Guémené et de la ruelle de celle-ci ; la vieille princesse est la grand’mère de la lettre du 6 décembre précédent : voyez p. 119 et 120, notes 9 et 11.
  5. 35. Le nom est ainsi francisé dans notre manuscrit et dans l’édition de 1734 ; celle de 1754 donne : « Mme de Bracciano. » Anne-Marie de la Trémouille, fille de Louis de la Trémouille, due de Noirmoutier, et de Renée-Julie Auberi ; elle était sœur du duc de Noirmoutier dont il est parlé au tome II, p. 17 ; elle avait épousé en premières noces Adrien-Blaise de Talleyrand, prince de Chalais ; en 1675 elle se remaria à Flavio des Ursins, duc de Bracciano et de San-Gemini, prince de Nerola et du Saint-Empire, qui mourut à Rome, sans postérité, en 1698. Elle prit alors le titre de princesse des Ursins. Après son exil d’Espagne, elle se retira à Rome, où elle mourut, le 5 décembre 1722, à plus de quatre-vingts ans.
  6. 36. Anne d’Harville, fille d’Antoine, marquis de Palaiseaux, veuve de François de Béthune, duc d’Orval, troisième fils du grand Sully,