Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 Mademoiselle de Blois est donc Mme la princesse de Conti ; elle fut fiancée lundi en grande cérémonie ; hier mariée, à la face du soleil, dans la chapelle de Saint-Germain ; un grand festin comme la veille ; l’après-dînée une comédie, et le soir couchés, et leurs chemises données par le Roi et la Reine[1]. Si je vois quelqu’un avant que d’envoyer cette lettre, qui soit revenu de la cour, je vous ferai une addition. Mais voyez comme il est bon de se tourmenter un peu pour avoir des places ; il est certain que celles qui avoient été nommées pour dames d’honneur de cette princesse avoient fait leurs diligences. Le hasard veut que Mme de Bury[2] qui est à cinquante

  1. 12. « Le cardinal de Bouillon fit la bénédiction du lit. Le Roi donna la chemise au prince de Conti, et la Reine la donna à la princesse de Conti. Le lendemain, le Roi et la Reine allèrent la voir dans son appartement au château neuf. (Gazette du 20 janvier 1680.)
  2. 13. Anne-Marie d’Eurre d’Aiguebonne, veuve de François de Rostaing, comte de Bury, qui était frère de Mme de Lavardin. Elle signa au contrat de Mlle de Sévigné (voyez la Notice, p. 329) ; mais son frère allait intenter aux Grignans un grand procès, où Mme de Sévigné et elle prirent parti avec une extrême animosité : voyez les lettres des 14 et 30 mars 1689. « C’étoit une femme d’une grande vertu, d’une grande douceur, et d’une grande politesse, avec de l’esprit et de la conduite ; elle étoit d’Aiguebonne et veuve sans enfants, en 1666, d’un cadet de Rostaing, frère de la vieille Lavardin (mère du chevalier de l’ordre, ambassadeur à Rome). Mme de Bury avoit fait venir de Dauphiné Mlle Choin, sa nièce, qu’elle avoit mise fille d’honneur de Mme la princesse de Conti… » (Mémoires de Saint-Simon, tome I, p. 208.) — « Elle étoit dans son château d’Onzin, à six lieues de Blois, où elle passoit ordinairement une partie de l’année, comme dans une espèce de retraite, lorsqu’elle reçut les ordres du Roi. Elle demeura d’autant plus surprise de voir qu’on l’appeloit à la cour, qu’elle ne s’y étoit proposé aucun établissement. » {Mercure galant, janvier 1680, 2e partie, p. 85.) — Mme de Bury se retira de la cour en 1693, en conservant la pension de deux mille écus qu’elle avait par sa charge (voyez le Journal de Dangeau, tome IV, p. 266), et mourut à quatre-vingt-onze ans, le 19 octobre 1724.