Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/21

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1679 tumerai de longtemps à cette séparation, et[1] c’est bien moi qui dois dire :


Rien ne peut réparer les biens que j’ai perdus[2]

Vos lettres aimables font toute ma consolation : je les relis souvent, et voici comme je fais. Je ne me souviens plus de tout ce qui m’avoit paru des marquas d’éloignement et d’indifférence ; il me semble que cela ne vient point de vous, et je prends toutes vos tendresses, et dites et écrites, pour le véritable fond de votre cœur pour moi. Êtes-vous contente, ma belle ? est-ce le moyen de vous aimer ? et pouvez-vous douter jamais de mes sentiments, puisque, de bonne foi, j’ai cette conduite ? Votre frère me paroît avoir tout ce qu’il veut,


Bon dîner, bon gîte, et le reste[3]

Il a été député plusieurs fois de la noblesse vers M. de Chaulnes : c’est une honnêteté[4] qui se fait aux nouveaux venus. Nous espérons une autre année avoir des effets de cette belle amitié de M. et de Mme de Chaulnes. Le Roi nous a remis huit cent mille francs : nous en sommes quittes pour deux millions deux cent mille livres[5] ; ce n’est rien du tout. Adieu, ma très-chère et très-belle.

  1. 13. Ce membre de phrase, et le vers qui le suit, ont été retranchés par Perrin dans sa seconde édition (1764)
  2. 14. Vers déjà cité au tome II, p. 354.
  3. 15. Allusion à la fable des deux Pigeons, de la Fontaine, livre IX, fable 11.

    Hélas ! dirai-je, il pleut
    Mon frère a-t-il tout ce qu’il veut,
    Bon soupé, bon gîte et le reste ?

  4. 16. « C’est une petite honnêteté qui se fait aux nouveaux venus. Nous aspirerons une autre année à voir des effets, etc. » (Édition de 1754.)
  5. 17. Voyez ci-dessus, p. 7, note 8.