Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/222

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1680 Breton que tous les Bretons. Je le prie aussi de ne point demeurer à Nantes pour nos affaires ; elles ne sont plus vraisemblables, et je serois fort fâchée que l’on crût que je fusse assez sotte et assez avare[1] pour préférer des affaires de rien à la nécessité de faire sa cour, dans une occasion comme celle-ci. Il me paroît embarrassé ; mais enfin il reviendra assez tôt pour partir avec M. de Chaumes : voyez ma bonté, je lui ai retenu une place dans son carrosse.

En vérité, je ne me souviens plus du petit de Gonor[2] : je vous laisse le soin, et à votre frère, de ces anciennes dates. Sans la présence de Mademoiselle, j’aurois renoncé Mlle d’Épernon[3] ; je dis ce jour-là, et toujours, ces sottises que vous appelez jolies, et c’est tout ce qu’on peut faire pour les adoucir ; vous voulez tirer de ce rang le compliment que je fis à Mme de Richelieu[4] ; je le veux bien, car il ressemble à ce que lui auroit dit M. de Grignan : j’y pensai ; voilà justement de ces choses qui lui viennent quand il parle et quand il écrit, et qui fait[5] que ses lettres font toujours, deux mois durant, l’ornement de toutes les poches. Mme de Coulanges avoit encore hier la sienne, et la montre : cela n’est-il pas plaisant ?

  1. 5. « Que l’on me crût assez sotte ou assez avare. » (Édition de 1754.)
  2. 6. Charles Gouffier, l’un des oncles du duc de Roannès (l’ami de Pascal), porta le titre de comte de Gonor et de Maulevrier ; nous n’avons pas de renseignements sur l’aîné de ses fils ; mais le second, filleul de Louis XIV, paraît avoir été un marin distingué, connu d’abord sous le nom de chevalier de Gonor, puis de comte de Roannès ; né en 1648, il mourut lieutenant général en 1734 ; il fut quelque temps lieutenant de la Réale avant d’être nommé (en 1684) capitaine de galère : c’est lui probablement que Mme de Grignan avait revu en Provence.
  3. 7. Voyez la lettre du 5 janvier précédent, p. 175.
  4. 8. Voyez la lettre du 3 janvier précédent, p. 170.
  5. 9. « C’est ce qui fait. » (Édition de 1754.)