Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/261

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1680 Roche-sur-Yon[1]. C’étoit d’abord le baptême, et puis la collation du baptême ; mais quelle collation ! et puis une comédie ; mais quelle comédie ! toute chamarrée des beaux endroits de la musique, et des bons danseurs de l’Opéra ; un théâtre bâti par les fées, des enfoncements, des orangers tout chargés de fleurs et de fruits, des festons, des perspectives, des pilastres : enfin toute cette petite soirée coûte plus de deux mille louis, et le tout pour cette jolie princesse.

L’opéra[2] est au-dessus de tous les autres. Le chevalier dit qu’il vous a envoyé plusieurs airs, et qu’il a vu un homme[3] qui doit vous avoir envoyé le livre[4] : vous en serez contente. Il y a une scène de Mercure et de Cérès, qui n’est pas bien difficile à entendre ; il faut qu’on l’ait approuvée, puisqu’on la chante : vous en jugerez[5]


    Condé par le sieur de la Bernaudière, curé de Saint-Sulpice. Le prince de la Roche-sur-Yon et la princesse de Conti la tinrent sur les fonts de baptême, et la nommèrent Marie-Anne. » Elle épousa en 1710 Louis-Joseph due de Vendôme, mort en 1712, et mourut elle-même en 1718.

  1. 3. Le beau-frère de la princesse de Conti. Voyez tome II, p. 491.
  2. 4. « Le 3 « (février), on joua devant le Roi, pour la première fois, l’opéra de Proserpine, dont les vers ont été faits par le sieur Quinault, auditeur des comptes, la musique par le sieur Lully, surintendant de la musique de la chambre du Roi, et les machines par le sieur Vigarani. » (Gazette du 10 février.)
  3. 5. Quinault. (Note de Perrin.)
  4. 6. « Les paroles. » (Édition de 1754.)
  5. 7. Cette scène (qui est la iie du Ier acte de Proserpine) contient en effet une allusion évidente au refroidissement du Roi pour Mme de Montespan. Mercure vient trouver Cérès, et la prie, de la part de Jupiter, de porter la fertilité dans les plaines de la Phrygie ; il lui fait ensuite sentir combien elle doit être flattée de voir un dieu si grand s’abaisser jusqu’à la prier.
    Cérès, répond :

    Peut-être qu’il m’estime encore ;
    Mais il m’avoit promis qu’il m’aimeroit toujours.
    L’amour qui pour lui m’anime