Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/27

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1679 Lyon ; j’ai tout reçu à la fois. Je comptois fort juste ; je vous vis arriver vendredi à Lyon ; je n’avois pas vu M. de Gordes[1], ni la friponnerie de vous attacher à un grand bateau pour vous faire aller doucement, et épargner des chevaux ; mais j’avois vu tous les compliments de Chalon ; j’avois vu le beau temps qui vous a accompagnée jusque-là, le soleil et la lune faisant leur devoir à l’envi ; j’avois vu votre chambre chez Mme de Rochebonne, mais je ne savois pas qu’elle eût une si belle vue. Je ne sais pas bien si[2] vous êtes partis le dimanche ou le lundi ; mais je sais que très-assurément vous étiez hier au soir à Grignan, car je compte sur l’honnêteté du Rhône. Vous voilà donc, ma chère enfant, dans votre château : comment[3] vous y portez-vous ? Le temps est un peu changé ici depuis quatre jours ; la bise vous a-t-elle reçue ? vous reposez-vous ? Il faut un peu rapaiser votre sang, qui a été terriblement ému pendant le voyage, et c’est pour cela que le repos vous est absolument nécessaire[4]. Pour moi, je ne veux qu’une feuille de votre écriture, aimant mieux prendre sur moi-même, car je préfère votre santé à toutes choses, à ma propre satisfaction, qui ne peut être solide que quand vous vous porterez bien. Je suis très-fort en peine de la santé de Montgobert : l’air de

  1. 4. Voyez tome II, p. 509, note 6. — Ce qui suit, jusqu’à « épargner des chevaux, » ne se lit pas dans le texte de 1754.
  2. 5. « Si c’est le dimanche ou le lundi que vous êtes partis de Lyon ; mais je suis sûre que vous étiez hier au soir mardi à Grignan, etc. » (Édition de 1754.)
  3. 6. « Comment vous y portez-vous ? La bise vous a-t-elle reçue ? Il faut, etc. » (Ibidem.)
  4. 7. Ce dernier membre de phrase et les mots pour moi, qui le suivent, ne se trouvent pas dans le texte de 1734, non plus que : « aimant mieux prendre sur moi-même. » L’édition de 1754 donne : « aimant mieux prendre sur moi-même que de mettre en péril votre santé. Je suis en peine de celle de Montgobert, etc. »