Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/274

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Mon fils est toujours dans la même passion de vendre, et nous toujours dans la même envie de l’empêcher de se mêler de ce marché ; cette affaire n’est point dans sa tête comme toutes les autres choses : c’est un fonds qui sent parfaitement le terroir de Bretagne. Je ne me suis que trop expliquée sur tous ses sentiments ; il croit bien que je vous l’ai mandé : il attend votre improbation, sans craindre qu’elle le fasse changer. Pour moi, ne pouvant faire mieux, je voudrois seulement un prétexte qui vînt de M. de la Trousse ; je vous manderai la suite de cette affaire. Adieu, ma chère enfant.


1680

783. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 21e février.

Podr vous récompenser des bonnes nouvelles que vous me mandez de votre santé, je vais vous apprendre[1] que l’abbé de Grignan est évêque d’Évreux ; il me semble que je vous entends dire : « Qu’est-ce que c’est qu’Évreux ? » Le voici : Évreux est la plus jolie ville de Normandie, à vingt petites lieues de Paris, à seize de Saint-Germain ; elle est à M. de Bouillon[2] ; l’évéché vaut vingt mille livres de rente,

  1. Lettre 783. — 1. « Je ne puis mieux vous récompenser… qu’en vous apprenant, etc. » (Édition de 1754.) — La nomination de l’abbé de Grignan, agent général du clergé de France, à l’évéché d’Évreux, est dans la Gazette du 24 février. Il n’obtint pas ses bulles, et fut nommé l’année suivante à l’évéehé de Carcassonne.
  2. 2. En mars 1651, dit Saint-Simon (tome V, p. 313), Mazarin « fit faire un échange de Sedan et de Bouillon, dont M. de Bouillon (le frère aîné de Turenne, le père du duc d’alors) se réserva l’utile, et ne céda que la souveraineté… au lieu de laquelle il eut le comté d’Évreux avec les bois et les dépendances, qui valoient plus de trois