Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/306

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1680 palinodie ; vous faites ma fille jalouse, ne craignez-vous point ses emportements, et que pressée par vos mauvais traitements, elle ne me vienne trouver, moi qui ne lui ai jamais donné aucune jalousie ? Je vois quelquefois un homme qui n’en a point du tout, et je suis discrète.


Adieu, ma très-chère bonne : je suis contente au dernier point de votre amitié ; plus on y pense et plus on la trouve solide et vraie, et comme j’y pense souvent, jugez si vous perdez quelque chose avec moi. J’embrasse Mlle  de Grignan et mes chères petites personnes. Toute cette jeunesse a fait le carnaval sans en rien rabattre. Hélas ! mes chers enfants, vous voilà tous aussi avancés les uns que les autres. ̃

Il faut que je vous reprenne l’âme damnée de la Voisin : on dit au contraire que son confesseur a dit qu’elle avoit dit Jésus, Maria, dans le milieu du feu[1] : c’est peut-être une sainte. Voyez comme je suis scrupuleuse à vous ôter les fausses nouvelles.

Me voici à Paris, ma très-chère : il est sept heures du soir. Nous sommes partis tard ; nous ne pouvions quitter cette abbaye : vous savez comme on s’amuse à lanterner à ce petit pont ; il faisoit un temps admirable. Mme  de Coulanges me mande qu’elle ne sait point encore de nouvelles. C’est aujourd’hui que Sa Majesté voit sa belle-fille[2].

  1. 26. « On dit que son confesseur assure qu’elle a prononcé Jésus Maria au milieu du feu. (Édition de 1737.) « On assure, au contraire, que son confesseur a dit qu’elle avoit prononcé Jésus Maria au milieu du feu. » (Édition de 17S4.)
  2. 27. Voyez ci-dessus, p. 283, note 12. — Bussy écrit à Mme  de Rabutin, à la date du 16 mars : « Jeudi dernier, le Roi rencontra