Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant ; vous l’avez célébré à Aix dans toute son étendue. Je suis ravie que vous ayez approuvé le nôtre dans la forêt de Livry.

1680Vous écrivez divinement à votre frère[1] ; je voudrois que vous m’eussiez fait l’honneur de croire que je lui ai dit les mêmes choses que vous écrivez : je suis aussi choquée[2] que vous de ses extravagantes résolutions. La peur de se ruiner est un prétexte au goût breton ; il ne l’a eu[3] que depuis qu’il a contemplé Tonquedec sur son paillier de province ; il n’étoit point[4] si plein de considération auparavant : enfin je sens toute l’horreur de cette dégradation, trop heureuse[5] que ce ne soit point là le plus sensible endroit de mon cœur !

Corbinelli[6] m’a donné une leçon qui m’explique très-bien ce que vous appelez ne point connoître l’absence[7] : j’ai trouvé que j’étois comme vous, en disant le contraire. Je suis, en vérité, bien triste de n’aller point continuer mes études auprès de vous ; mais, ma très-chère, il faut aller en Bretagne, afin d’y avoir été[8].

Je trouve M. de Grignan bien heureux de vous croire en assez bonne santé pour vous faire trotter avec lui à Marseille.

  1. 47. Le texte de 1737 donne simplement : « Vous écrivez divinement à votre frère. La peur de se ruiner, etc. »
  2. 48. « Que vous lui écrivez, et que je suis aussi choquée. » (Édition de 1754.)
  3. 49. « Il n’a eu cette peur. » (Ibidem.)
  4. 50. « Vous savez qu’il n’étoit point. » (Édition de 1737.) — Les deux éditions de Perrin portent : « de considération pour lui. »
  5. 51. « Mais quoique je sente toute l’horreur de cette dégradation, je suis trop heureuse… » (Édition de 1737.)
  6. 52. Cet alinéa manque dans le manuscrit.
  7. 53. Voyez la lettre du 21 février précédent, p. 271.
  8. 54. Ce dernier membre de phrase est seulement dans l’édition de 1754, et la phrase qui termine la lettre ne se trouve que dans notre manuscrit.