Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/366

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1680 prouverez notre petit dessein[1], que nous tenons le marteau levé pour donner le premier coup en montant en carrosse.

Mme de la Fayette fait encore une augmentation à son appartement, qu’elle pousse jusque sur son jardin : cela vous surprendra[2]. La pauvre femme est tellement abattue de la perte de M. de la Rochefoucauld, qu’elle n’en est pas reconnoissable. M. de la Garde dit que M. de Marsillac conserve sa tristesse au milieu de tous les taïauts[3] : il est changé, il est triste, il est retiré. Je ne sais point de nouvelles ; vous savez[4] la vie qu’on fait ces jours-ci ; je passai hier le jour à nos sœurs de Saint-Jacques :

…Quiconque ne voit guère
N’a guère à dire aussi[5]

Voilà une excuse toute prête pour nos ignorances. Il me paroît, ma fille, que vous êtes bien contente d’être en repos chez vous. Ah, mon Dieu que je serois heureuse, si votre santé, vos affaires, vos résolutions s’accommodoient à mes desirs[6] !

  1. 11. « Si persuadés de votre approbation. » (Édition de 1737.)
  2. 12. Le texte de 1737 n’a pas cette première phrase, et commence l’alinéa ainsi : « Mme de la Fayette est tellement abattue, etc. »
  3. 13. M. de Marsillac étoit grand veneur. (Note de Perrin, 1754) — Taïaut est le cri du chasseur « quand il appelle les chiens pour les lancer après la bête. » (Dictionnaire de Furetière.)
  4. 14. L’édition de 1754, qui a donné ce membre de phrase plus haut (voyez note 8), répète ici : « Vous savez comme on passe ces jours saints. »
  5. 15. La Fontaine, fable des deux Pigeons, livre IX, fable ii.
  6. 16. Dans le texte de 1737, la lettre se termine par un alinéa relatif au mariage de la princesse de la Trémouille. Nous avons maintenu cet alinéa à la date du 3 mai, avec l’édition de 1754 (cette lettre du 3 mai manque dans celle de 1737).