Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/391

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1680 point à Paris, et que l’éloignement où vous allez être ne vous coûte pas, à beaucoup près, ce que vous coûteroit une nouvelle séparation. Elle[1] est en parfaite santé. Il faut espérer que ce voyage sera le dernier qu’elle fera dans un pays si éloigné du vôtre. J’irai la voir au mois de septembre ; il faudra bien que dans ce temps vous me fassiez des compliments de joie, puisqu’avec la violente inclination que j’ai de passer ma vie avec les Bretons, je serai dans mon élément.

Adieu, adieu, ma petite sœur ; je ne suis pas encore assez provincial pour ne pas souhaiter passionnément de vous voir cet hiver à Paris ; il me semble que votre retour est certain. Vous aurez un très-joli appartement, et j’aurai le plaisir de ne vous point faire de honte, puisque je serai encore sous-lieutenant des gendarmes de Monsieur le Dauphin. En vérité[2] j’ai été surpris de voir qu’un voyage de cinq mois me fît regarder comme M. de Sottenville ; je m’en vais essayer de vous ôter ces impressions, et en y travaillant, je ne me ferai pas tant de violence que vous pourriez bien croire. Ne vous gâtez point l’imagination sur mon sujet ; je vous aime trop pour vouloir vous donner de certains chagrins. J’avois l’autre jour écrit. une réponse[3] à M. de Grignan ; mais ma mère, avec beaucoup de raison, la trouva si peu digne de ce qu’il m’avoit écrit, qu’elle la brûla : je le prie de ne pas laisser de la recevoir ; il est bien heureux qu’on lui ait ôté la peine de la lire. Je salue Mlles  de Grignan, et j’ordonne au petit marquis de ne pas oublier de me contrefaire.

  1. 10. « Ma mère. » (Édition de 1754.)
  2. 11. Cette phrase a été retranchée par Perrin dans sa seconde édition (1754), où il a supprimé aussi celle qui termine la lettre.
  3. 12. « J’avois fait l’autre jour une réponse. » (Édition de 1754.)