Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/441

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cher Comte, d’avoir été exposé tout l’hiver à la pointe et au feu de ces regards que votre chère épouse me représente si plaisamment ? Une personne qui est occupée de cette conduite peut subsister partout ; votre province[1] même est plus propre à exercer ce beau talent que nulle autre ; il y a toujours des passants et des étrangers ; on mourroit fort bien dans celle-ci faute d’aliments. Je me réjouis de la visite que vous avez faite à M. de Louvois ; il y a des choses que la dépense ne peut empêcher de faire. Montanègre a été plus exposé que vous. Je vous conjure que ma fille ne réponde point[2] à cette lettre, c’est un monstre d’écriture : je n’ai rien à faire, je me porte bien, et c’est mon unique plaisir de vous parler[3].


1680

816. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce 5ejuin.

Enfin[4], ma chère fille, en attendant d’autres consolations, qui sont toutes les plus douces espérances de ma vie, j’ai l’espèce de plaisir, dans notre éternel éloignement, de recevoir vos lettres le neuvième jour, à dix heures du matin. Elles arrivent le samedi à Paris ; on les

  1. 54. « Votre Provence. » (Édition de 1737.)
  2. 55. « Je vous conjure d’empêcher ma fille de répondre. » (Ibidem.)
  3. 56. « De lui parler. » (Édition de 1754.)
  4. Lettre 816 (renie en partie sur une ancienne copie). — 1. Dans le texte de 1737 : « Enfin, ma chère fille, en attendant d’autres consolations, j’ai l’espèce de plaisir, dans notre extrême éloignement, de recevoir vos lettres le neuvième jour. J’admire souvent l’honnêteté, etc. » Dans celui de 1754 : « Enfin j’ai le plaisir, dans notre extrême éloignement, de recevoir vos lettres le neuvième jour, en attendant d’autres consolations. J’admire souvent l’honnêteté, etc. »