Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/535

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Comme j’espère que vous ne ferez pas imprimer mes lettres, je ne me servirai point de la ruse de nos frères pour les faire passer. Ma fille, cette lettre devient infinie : c’est un torrent retenu que je ne puis arrêter ; répondez-y trois mots ; et conservez-vous, et reposez-vous ; et que je puisse vous revoir et vous embrasser de tout mon cœur : c’est le but de mes desirs. Je ne comprends pas le changement de goût pour l’amitié solide, sage et bien fondée ; mais pour l’amour, oh ! oui, c’est une fièvre trop violente pour durer.

Adieu, Monsieur le Comte[1] : je suis à vous, embrassez-moi tant que vous voudrez. Que j’aime Mlle de Grignan de parler et de se souvenir de moi ! Je baise les petits enfants. J’aime et j’honore bien la solide vertu de Mlle de Grignan. Adieu, ma très-chère et très-loyale, j’aime fort ce mot : ne vous ai-je pas donné du cordialement[2] ? nous épuisons tous les mots. Je vous parlerai une autre fois de votre hérésie.


1680

832. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce mercredi 17e juillet.

Mon[3] fils me mande que, après que le Roi l’aura vu à

  1. 58. Le commencement de cet alinéa, jusqu’à « Adieu, ma très-chère, » ne se trouve que dans notre manuscrit, qui s’arrête immédiatement avant ces mêmes mots.
  2. 59. Voyez la fin de la lettre du 3 juillet précédent, p. 507.
  3. Lettre 832 (revue en très-grande partie sur une ancienne copie). — 1 Le commencement de cette lettre ne se lit pas ailleurs que dans notre manuscrit. Dans les deux éditions de Perrin, elle commence ainsi : « Je souhaite plus que jamais de vous revoir, » et immédiatement après, dans celle de 1754, présentement est remplacé par maintenant.