Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/158

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1681 méritoit pas, mais qu’enfin, s’il recevoit cet honneur, il y avoit dix ans qu’il n’eût pas cru passer devant moi à cette dignité.[1] Il y a plus de trois mois que le Roi a lu ces lettres, et il pourroit bien être que j’aurois fait souvenir Sa Majesté de lui ; mais en un mot, il a grand tort d’en user ainsi avec moi, et je crois que l’éclat de ses honneurs ne vous éblouira pas au point de ne vous laisser pas juger que j’ai raison de me plaindre de lui en cette rencontre.

Chose[2] me vient de faire demander la suite de mes mémoires, et je la lui vais envoyer ; j’ai une grande impatience de vous montrer tout cela, non-seulement pour la part que vous prenez à ce qui me touche, mais encore pour celle que vous y avez.

Notre veuve et moi embrassons mille fois vous et la belle Madelonne.

Si le bon Corbinelli peut nous attendre, il nous obligera fort ; mais s’il ne se peut empêcher de partir, je lui demande qu’il vienne passer à Lanty, où nous allons dans quinze jours.

  1. 5. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « qu’il n’eût pas cru devoir passer, etc. » — On ne trouve dans la Correspondance de Bussy ni la lettre à d’Estrées dont il parle ici, ni la réponse de ce dernier mais dans une lettre du comte de Limoges à Bussy datée du 8 juin 1673, on lit : « Je ne doute pas que cette action (combat naval du 7 juin contre Ruyter) ne fasse le comte d’Estrées maréchal de France. Je le lui dis même au sortir du combat et que vous en seriez ravi. Il me répondit que c’étoit vous qui le deviez être, et qu’il ne croyoit pas, il y a dix ans, qu’il passeroit à cette dignité avant vous. » (Correspondance de Bussy, tome II, p. 260.)
  2. 6. Le Roi.