Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/195

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1682 corps de réserve soit d’une bonne politique. Celle du nouvel intendant de Lyon seroit bien mauvaise, s’il n’estimoit comme il doit Monsieur votre frère : en tout cas il sera averti de son devoir.

Le jeune fils du comte de Roye[1], étant à Rome avec M. le duc de la Roche-Guyon et M. de Liancourt[2], ses cousins, a reçu un si bon petit rayon de la grâce efficace, qu’après une instruction fort sérieuse, il a fait son abjuration entre les mains du pape ; il a eu l’honneur de communier de sa main. Cette aventure est heureuse, et pour ce monde et pour l’autre : toute la famille en est au désespoir.

Il y a des fêtes continuelles à Versailles, hormis de l’accouchement de Madame la Dauphine ; car les médecins ne pouvant lui faire d’autre mal, se sont si bien mécomptés, qu’ils l’ont saignée dans la fin du troisième mois, et dans le huitième, tant ils sont enragés de vouloir toujours faire quelque chose. Il me semble, Monsieur, qu’il y a longtemps que je parle ; cette réflexion vient un

  1. 6. Probablement le troisième fils du comte de Roye, Charles comte de Blanzac, à qui, vers 1689, le Roi promit deux mille écus de pension sur des bénéfices. Il épousa en 1691 la veuve du marquis de Nangis, et mourut en septembre 1732, âgé de soixante-sept ans d’après la Chênaye. Voyez le Journal de Dangeau, tome II, p. 370, et tome IV, p. 131, 132, une note de Saint-Simon.
  2. 7. L’édition de 1773, la première qui ait donné cette lettre, porte par erreur la Roche-sur-Yon, au lieu de la Roche-Guyon. — Sur le duc de la Roche-Guyon, voyez tome VI, p. 86, note 2. — Henri-Roger de la Rochefoucauld, marquis de Liancourt, lieutenant général des armées du Roi, né le 14 juin 1665. Le marquis de Liancourt, « doux, liant, poli, dit Saint-Simon (tome XI, p. 40), orné de beaucoup de simplicité, de lecture et d’esprit, plein d’honneur, de courage, de sentiment, de bonne gloire, étoit, à force de disgrâces, devenu solitaire et sauvage, et fut, ce qui est fort rare, également estimé, honoré et peu compté. » Sur les causes de sa disgrâce et de sa captivité, voyez la Correspondance de Bussy, tome V, p. 450.