Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/208

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1683 Marie me mande que M. de Corbinelli m’avoit écrit, mais elle ne me dit pas que vous m’eussiez écrit dans cette lettre. Si les vôtres ne m’étoient fort chères, je n’aurois pas été si vif, quand j’ai manqué d’en recevoir ; mais enfin je vous demande pardon encore une fois ; me voilà rampant à vos pieds.

Mlle de Beauvais a eu une très-bonne conduite ; et ce qui me le fait dire affirmativement, c’est qu’elle a réussi ; nous devons des louanges aux bons succès : c’est la moindre chose que puisse faire la fortune que d’attirer l’approbation aux folies qu’elle rectifie[1] ; je ne dis pas cela pour Beauvais, car elle s’est conduite habilement ; et pour répondre à ce que vous dites qu’elle a témoigné à son amant de l’ambition et de la défiance pour tout l’amour dont il lui donnoit des marques, je vous répondrai que c’est par là qu’elle a entretenu son amour, et que sans le pouvoir qu’elle a eu sur elle, il ne l’auroit jamais épousée. Ce n’est pas que je ne sois sur sa résistance aux empressements vraisemblables de son amant, deux ans et demi durant, du sentiment de l’Arioste :

Non però credibile.

Si le comte de Soissons fait une perte considérable pour avoir épousé Beauvais, c’est un sot ; mais d’ordinaire ces colères maternelles passent, et l’on a après cela[2] sa maîtresse avec tout le bien qu’on devoit avoir.

Avec toute la folie du Mazarin, si le Roi ne s’en mêloit pas, le marquis de Richelieu et sa maîtresse passeroient

  1. 3. Tout le reste de la phrase manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, où la suivante est ainsi : « Pour la résistance de Beauvais aux empressements vraisemblables de son amant, deux ans durant, je dis comme l’Arioste, etc. »
  2. 4. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale n’a pas les mots : « après cela. »