1683
* 910. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.
Vous êtes chagrin, mon pauvre Monsieur ; vraiment[2] je ne m’en étonne pas ; vous êtes tombé des nues ; vous vous ôtez d’abord quatre petites personnes tout à la fois ; voilà votre clapier ruiné. Et puis cette Mme de Guitaut qui est à Dijon comme la comtesse de Pimbêche ! En vérité, vous me faites pitié : je ne m’étonne pas si vous êtes chagrin. Je vous souhaite au moins une bonne santé, afin que vous ne soyez pas accablé de toutes sortes de maux ; pour moi, j’ai celui de ne savoir que faire de ma pauvre terre. Je ne suis point contente de l’humeur et de la conduite de la Maison ; je crains de me rembarquer avec lui : il ne s’en trouve point d’autres. Boucard me propose un receveur : il me semble que de cette manière on fait de cent sous quatre livres, et de quatre livres rien ; ne connoissez-vous point cette manière de parler ? Enfin, Monsieur, je leur ai dit de vous consulter ; je ne vous trouve pas assez occupé pour nous refuser deux heures de votre temps ; sérieusement je vous en supplie.
Je crois que notre pauvre M. Trouvé ne fera pas vieux os à l’hôtel de Lesdiguières[3] : cela s’est tourné tout autrement que je ne le croyois ; il me sembloit qu’elle[4] devoit être ravie d’avoir un si aimable et si sage aumônier. Nous sommes trompés, et pour moi je fais ce que je puis
- ↑ Lettre 910 (revue sur l’autographe) — 1. Mme de Sévigné avait d’abord mis samedi, qu’elle a effacé, pour écrire au-dessus mardi. Le chiffre 30 a été substitué à 31.
- ↑ 2. L’autographe porte plutôt vrament que vraiment.
- ↑ 3. Ici le nom est écrit de lediguere.
- ↑ 4. La duchesse de Lesdiguières. Voyez tome III, p. 40, note 12. Elle était veuve depuis deux ans : voyez ci-dessus, p. 155.