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1683

* 910. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

À Paris, mardi 30e mars[1].

Vous êtes chagrin, mon pauvre Monsieur ; vraiment[2] je ne m’en étonne pas ; vous êtes tombé des nues ; vous vous ôtez d’abord quatre petites personnes tout à la fois ; voilà votre clapier ruiné. Et puis cette Mme de Guitaut qui est à Dijon comme la comtesse de Pimbêche ! En vérité, vous me faites pitié : je ne m’étonne pas si vous êtes chagrin. Je vous souhaite au moins une bonne santé, afin que vous ne soyez pas accablé de toutes sortes de maux ; pour moi, j’ai celui de ne savoir que faire de ma pauvre terre. Je ne suis point contente de l’humeur et de la conduite de la Maison ; je crains de me rembarquer avec lui : il ne s’en trouve point d’autres. Boucard me propose un receveur : il me semble que de cette manière on fait de cent sous quatre livres, et de quatre livres rien ; ne connoissez-vous point cette manière de parler ? Enfin, Monsieur, je leur ai dit de vous consulter ; je ne vous trouve pas assez occupé pour nous refuser deux heures de votre temps ; sérieusement je vous en supplie.

Je crois que notre pauvre M. Trouvé ne fera pas vieux os à l’hôtel de Lesdiguières[3] : cela s’est tourné tout autrement que je ne le croyois ; il me sembloit qu’elle[4] devoit être ravie d’avoir un si aimable et si sage aumônier. Nous sommes trompés, et pour moi je fais ce que je puis

  1. Lettre 910 (revue sur l’autographe) — 1. Mme de Sévigné avait d’abord mis samedi, qu’elle a effacé, pour écrire au-dessus mardi. Le chiffre 30 a été substitué à 31.
  2. 2. L’autographe porte plutôt vrament que vraiment.
  3. 3. Ici le nom est écrit de lediguere.
  4. 4. La duchesse de Lesdiguières. Voyez tome III, p. 40, note 12. Elle était veuve depuis deux ans : voyez ci-dessus, p. 155.