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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/284

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1684 ment bien ; point de vapeurs : enfin je vis en votre absence ; j’en suis honteuse, car je ne devrois point soutenir le véritable déplaisir que je porte avec moi, de vous avoir quittée dans un lieu où je dois être naturellement avec vous ; cela me serre le cœur, et il faut avoir bien pris sur moi-même pour entrer, comme j’ai fait, dans les raisons qui m’ont chassée : tout cela s’est tourné je ne sais comment. N’allez-vous point à Livry ? Allez-y, je vous en prie, songez-y à moi ; mais avec cette fermeté et cette philosophie qui vous font gouverner si sagement vos pensées : pour moi, je ne saurois vivre avec tant de régime ; et nulle chose ne peut m’empêcher de vous voir et de vous regretter toujours, et d’être sensiblement touchée, et de votre amitié, et de la mienne. Je trouve que je perds dans ma vie un temps qui me devoit être bien précieux : j’y ai été un peu trompée ; et puis, je vous avoue que mes affaires m’ont fait peur. Ah, ma belle ! que j’aurois besoin de vous pour me réjouir, et pour soutenir mon courage ! La beauté de cette rivière fait ma principale occupation : j’ai lu toute la vie de Mme de Montmorency ; elle se laisse lire[1]

Adieu, ma chère Comtesse : je veux faire mes lettres courtes, et je ne puis ; voyez de quelles bagatelles celle-ci est pleine. Envoyez faire une amitié à M. et à Mme de Coulanges, et des compliments à l’hôtel de Chaulnes, s’il y en a encore un. Mon marquis m’a-t-il oubliée ? comment êtes-vous avec le Coadjuteur ? et le chevalier ? et M. de Grignan ? Vraiment, vous avez bien des choses à me

  1. 8. Cet ouvrage parut en 1684, en 1 vol. in-8o. Il a depuis été publié une autre vie de la duchesse de Montmorency (Clermont-Ferrand, 1769, 2 vol. in-12). Elle est plus complète que la première, ayant été rédigée d’après des manuscrits conservés au couvent de la Visitation de Moulins, dont Mme de Montmorency était supérieure. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez tome II, p. 68, note 7.