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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/314

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1684 Il me prit hier une folie de craindre le feu à l’hôtel de Carnavalet, c’est peut-être une inspiration ; ma bonne, redoublez vos ordres : qu’on n’aille point à la cave aux fagots[1], comme on y va toujours, avec une chandelle sans lanterne, et qu’on prenne garde en haut au voisinage du grenier au foin : vos gens n’y perdroient rien, et nous en serions ruinés. Voilà une jolie fin de lettre et bien spirituelle ; mais elle ne sera peut-être pas inutile : Clairotte et Lépine sont sages. Ma bonne, je vous demande en vérité pardon de cette prévoyance, mais quand les jours ont douze[2]heures, et qu’on n’a pas beaucoup d’affaires, on pense à tout.

Je suis très-fâchée que le rhumatisme du chevalier ouvre de si bonne heure ; Vichy ne lui a pas bien réussi cette année ; je souhaite que nos capucins fassent mieux. Faites-lui mes amitiés, je vous en prie[3].

Je vous crois à Paris, et bien près d’être à Fontainebleau ; mais, ma bonne[4] », irez-vous en un jour ? Ayez pitié de vous, songez à ne pas augmenter vos maux, cela est préférable à tout. Il n’y a nulle affaire et nulle raison qui vous doive obliger à vous hasarder, ma chère bonne ; c’est bien véritablement ma santé et ma vie que je vous recommande. C’est une étrange amertume à digérer ici que la crainte de vous voir dangereusement ma-

  1. 25. Les mots aux fagots ont été ajoutés après coup.
  2. 26. Au-dessus du mot douze, l’autographe porte le chiffre 24.
  3. 27. Cette dernière phrase n’est pas dans le texte de 1754.
  4. 28. « Mon enfant. » (Édition de 1754.) — Ce qui suit, à partir de la fin de la phrase jusqu’à la fin de l’alinéa, est ainsi abrégé dans cette même édition : « Songez à ne pas augmenter vos maux, cela est préférable à tout ; ayez donc pitié de vous et de moi en même temps ; car c’est bien véritablement ma vie et ma santé que je vous recommande.