Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/337

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1684 Quant à moi, qui ne vois dans l’avenir aucun duc pour consoler Mlle  d’Alerac de ce qu’elle perd, je pense que son bien ne tentera personne, et que l’espérance de celui de sa sœur n’est qu’une vision et une chimère, qu’on fera servir à la détourner d’une alliance si convenable et si belle[1]. Vous croyez bien, après cela, que les grands partis ne voudront pas risquer la même destinée : le refus sera sûr, et le sujet du refus extrêmement incertain et tout à fait dans les idées de Platon. On se persuade aisément que la crainte de ne point voir cette jolie fille établie, ne touche guère M. de Montausier[2], et qu’il envisage sans horreur tout ce qui en peut arriver ; mais je vous avoue que j’en serai affligée, et que je prends un véritable intérêt à cette dernière scène. Vous m’apprenez toujours des morts qui me surprennent ; ce grand Simiane[3], il étoit bien sujet à la gravelle ; il en est guéri : tout cela va bien vite. Vous apostrophez l’âme de mon pauvre père, pour vous faire raison de la patience de quelques courtisans ; Dieu veuille qu’il ne soit point puni d’avoir été d’un caractère si opposé ! Vous vous fatiguez à m’écrire et à répondre à tout : ah, mon Dieu ! laissez-moi dire, je n’ai que cela à faire. Vous vous moquez de la sainte liberté établie entre Corbinelli et moi ; cela est très-bon : notre amitié n’en est ni moins vraie ni moins solide. Je ne dis pas que vous ne m’écriviez point ; je dis qu’il ne faut point vous accabler. Par exemple, je n’écrirai point aujourd’hui à mon ami, je ne l’en aime pas moins : il me conte des fagots fort jolis, je lui en rendrai samedi, et je prends sur lui avec confiance.

  1. 4. Voyez la lettre du 1er octobre précédent, p. 293.
  2. 5. Mlle  d’Alerac étoit nièce de Julie d’Angennes, duchesse de Montausier. (Note de Perrin.)
  3. 6. Sans doute le mari de la future belle-mère de Pauline de Grignan. Voyez tome II, p. 259, note 10.