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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/343

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1684 qu’on ait répandu ce bruit[1]. Je vous prie de voir quelque fois cette duchesse de Chaulnes : comme elle n’est point versée dans l’amitié, elle a toute la ferveur d’une novice, et me mande qu’elle ne cherche que les gens avec qui elle peut parler de moi ; qu’elle alloit chez Mme de la Fayette, et qu’elle vous verroit au retour de Versailles ; enfin j’ai fait aimer une âme qui n’avoit pas dessein d’aimer. Je remarque comme vous voulez que ce soit toujours pour votre fils que tout se fasse, ne pensant point à vous ; et moi, dans tout ce que je fais, je ne vois que vous ; et j’aime parfaitement l’avance de beaucoup d’années que j’ai sur vous, comme une assurance que selon les règles de la nature, je conserverai mon rang : il m’est doux de penser que je ne vivrai jamais sans vous.

Je suis contente des papiers que je vous ai envoyés ;

  1. 6. Saint-Simon (tome IV, p. 244) raconte ainsi cette aventure : « Il reçut une fois à Versailles une grêle de bastonnade de quatre ou cinq Suisses, qui l’attendoient sortant de chez Monsieur le Grand, à une heure après minuit, et l’accompagnèrent, toujours frappant, tout le long de la galerie. Il en fut moulu et plusieurs jours au lit. Il eut beau s’en plaindre et le Roi se fâcher, les auteurs se trouvèrent sitôt qu’ils ne se trouvèrent plus. Quelques jours auparavant Monsieur le Duc et M. le prince de Conti avoient fait un souper chez Langlée, à Paris, après lequel il s’étoit passé des choses assez étranges. Le Roi leur en lava la tête ; ils crurent bien être assurés d’en avoir l’obligation à Termes, et le firent régaler comme je viens de dire, incontinent après. Cela fit un grand vacarme ; mais on n’en fit que rire, et le Roi fit semblant d’ignorer les auteurs. » — On lit d’un autre côté, dans le Journal de Dangeau (17 décembre 1684) : « Le bruit se répandit qu’on avoit fait le soir du samedi une cruelle insulte à M. de Termes, dans la galerie basse ; ce bruit étoit apparemment faux, et le Roi témoigna en être fort mécontent. Il fit faire des perquisitions pour savoir qui avoit fait courir ce bruit-là. » Dans sa note sur ce passage de Dangeau, Saint-Simon dit que c’étaient « Monsieur le Duc et Mme la princesse de Conti (qui) le soupçonnèrent d’avoir fait quelque rapport sur leur compte. »