Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/406

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1685 sans en faire une plus grande, qui seroit superflue, et contre les bonnes mœurs dont nous faisons profession.


au chevalier de grignan.

Je voudrois que Corbinelli ne vous eût point dit un mot du Doge, que je présente à Monsieur le chevalier. On lui demanda ce qu’il trouvoit de rare et d’extraordinaire à la cour, et à Paris ; il répondit que c’étoit lui. Monsieur, vous m’en voulez d’ailleurs, ou vous êtes malade, si vous ne trouvez cela juste et plaisant. Mais hélas ! oui, mon pauvre Monsieur, vous êtes malade : je serois fort bien avec vous, si vous saviez combien je suis touchée de la tristesse de votre état ; j’en vois toutes les conséquences, et j’en suis triste à loisir ; car ici toutes les pensées ont leur étendue : elles ne sont ni détournées ni effacées. Concevez donc une bonne fois ce que je sens sur votre sujet ; vous irez à Livry, vous y marcherez au moins, ne me parlez point d’être porté dans une chaise : un menin est bien étonné d’être si accablé au lieu de briller au carrousel. Ô Providence !


à madame de grignan.

Ma bonne, voyez un peu comme s’habillent[1] les hommes pour l’été ; je vous prierai de m’envoyer d’une étoffe jolie pour votre frère, qui vous conjure de le mettre du bel air, sans dépense, savoir comme on porte les manches, choisir aussi une garniture, et envoyer le tout[2] pour recevoir nos gouverneurs. Mon fils a un très-bon

  1. 31. « Voyez un peu, ma fille, comme s’habillent, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 32. « De le mettre du bel air, de savoir comme on porte les manches, de choisir aussi une garniture, et d’envoyer le tout, etc. » (Ibidem.) — Les deux phrases qui suivent ne se lisent que dans l’autographe.