Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/443

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1685 verte. Non, assurément ; il y a trois mois qu’elle est entièrement fermée et guérie : j’ai voulu encore retourner sur ce triste chapitre pour ne vous pas laisser des erreurs.

N’êtes-vous point surprise de la mort de cette grande Rarai ? n’étoit-ce pas la santé même ? Pour moi, je crois que le saisissement d’entendre toujours louer sa sœur, et de n’attraper des regards et des douceurs que comme pour l’amour de Dieu, l’a mise au tombeau[1]. Le bon abbé est fâché que vous le croyez si barbare : il dit que sa malice ne va pas si loin ; il a été ravi de me revoir. J’ai repassé par Rennes, pour voir un moment cette bonne Marbeuf et, en repassant par Vitré, la princesse[2] : de sorte que je m’en vais posséder mon petit Coulanges sans distraction. Je[3] vous ai dit comme mon habit étoit joli, je vous le mandai de Dol. Je vous assure, ma très-chère bonne, que ce petit voyage ne m’a donné que de la joie, sans nulle sorte d’incommodité. Je n’aime point que notre pauvre Grignan fonde et diminue : ne lui faites-vous plus rien ? Est-il possible qu’en dormant et mangeant il ne se remette point ? Je suis touchée de cet état. Pour celui du pauvre chevalier, je ne m’y accoutume pas. Quoi ? ce visage de jeunesse et de santé ! quoi ? cet

  1. 25. « …que comme par charité, peut très-bien y avoir contribué. (Édition de 1754.) — Dans cette même édition, la phrase suivante a été retranchée. — Dangeau annonce le 1er juillet la mort de Mlle  de Rarai : sur sa famille, voyez tome III, p. 258, note 2, et le Journal de Dangeau, qui nous apprend (tome III, p. 407) que le marquis de Rarai mourut en septembre 1691. « Il avoit les chiens pour le chevreuil ; son fils, qui fut tué à Mons, en avoit la survivance. »
  2. 26. « Et par Vitré pour voir la princesse. » (Édition de 1754.)
  3. 27. Cette phrase et les suivantes manquent dans l’édition de 1754, qui reprend ainsi : « Je suis touchée de l’état du pauvre chevalier, je ne m’y accoutume pas. Quoi ? avec ce visage de jeunesse et de santé, n’être point en état de marcher ! On le porte comme Saint-Pavin ! Ma fille, je baisse la tête, etc. »