Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/457

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1685 destina à divertir la compagnie ; car elle en sait plus d’un. Vous me représentez Mme la princesse de Conti au-dessus de l’humanité : je ne crois personne plus capable d’en juger que vous, et je fais peut-être plus d’honneur que je ne dois à votre jugement, puisque vous faites passer mon idée au delà de vous et de feu Madame.[1], mais ce n’est point pour la danse, c’est en faveur de cette taille divine, qui surprend et qui emporte l’admiration,

Que du maître desEt fait voir à la cour[2]
Que du maître des dieux elle a reçu le jour.

Nous apprenons encore que M.[3] et Mme de Bouillon sont à Évreux[4], et qu’on a demandé au cardinal la clef de son appartement à Versailles[5] : cela est bien mauvais ; mais il a été si pleinement heureux toute sa vie, qu’il falloit bien qu’il sentît un peu le mélange des biens et des maux. Pour moi, ma chère bonne, si je ne tremblois point toujours sous la main de la Providence[6], je goûte-

  1. « Au delà de feue Madame et au delà de vous. » (Édition de 1754.)
  2. 15. « Faisant voir à la cour. » (Ibidem.)
  3. 16. Notre autographe reprend ici avec le mot Monsieur.
  4. 17. Le duc de Bouillon possédait le comté d’Évreux (voyez tome VI, p. 268, note 2). — Les torts des princes de Conti étaient attribués au prince de Turenne, qui leur avait donné la première idée du voyage de Hongrie. Ce jeune seigneur paraît d’ailleurs avoir été compromis d’une manière particulière dans les lettres qui venaient d’être saisies. Car à peine le Roi eut-il pris connaissance de ces correspondances, qu’il cassa le régiment de Turenne, exila le cardinal de Bouillon dans son abbaye de Cluny, et relégua M. et Mme de Bouillon à Évreux. Cela se passait en l’absence de Dangeau ; aussitôt qu’il fut revenu des eaux de Spa, il courut à Évreux avec le maréchal de Bellefonds rendre visite à M. et Mme de Bouillon. Ce trait, dans la vie d’un courtisan, méritait d’être remarqué. (Note de l’édition de 1818.)
  5. 18. Le logement du cardinal de Bouillon à Versailles fut donné au jeune duc de Bourbon. (Journal de Dangeau, 30 septembre 1685.)
  6. 19. « Pour moi, si je ne tremblois sous la main de la Provi-