Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/460

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votre chemin[1]. Ce n’est que l’envie qui fait parler contre vous : c’est un grand crime à la cour que d’avoir plus de beauté et plus d’esprit que toutes les femmes qui y sont. Le Roi ne vous estimera pas moins, et n’en donnera pas moins à Monsieur votre fils la survivance que vous lui demandez, pour avoir jeté deux pistoles par terre[2].

Adieu, ma très-belle : vous aurez incessamment votre chère maman mignonne, aussi belle et aussi aimable que jamais : elle partira sans faute de demain en trois semaines, pour vous aller trouver. J’ai passé ici une quinzaine délicieuse : l’on ne peut assez louer toutes les allées des Rochers ; elles auroient leur mérite à Versailles, c’est tout vous dire[3].


976. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN[4].

Aux Rochers, mercredi 15e août.

Vous voyez bien, ma bonne[5] que nous ne comptons plus présentement que par les jours : ce ne sont plus des

  1. 31. « Ma belle Comtesse, laissez dire les méchantes langues, et allez toujours votre train. » (Édition de 1754.)
  2. 32. « Et ne donnera pas moins… parce que vous aurez laissé tomber quelques pistoles par terre. » (Ibidem)
  3. 33. « C’est tout dire. » (Ibidem.)
  4. Lettre 976 (revue en partie sur l’autographe). — 1. Cette lettre, de même que la précédente, avait été revue en entier sur l’autographe pour l’édition de 1818 ; une nouvelle collation, qui n’a été que partielle (nous n’avons malheureusement retrouvé que deux pages de l’original), nous a encore fourni quelques rectifications.
  5. 2. Les mots : « ma bonne, » et deux lignes plus loin : « ma très-aimable bonne, » ont été retranchés dans l’impression de 1754.