1686
J’ai[1] reçu la réponse de mon cousin de Toulongeon ; son épouse est très-aimable, et vous avez fait à Autun une fort jolie société. Ma fille veut que je vous dise bien des amitiés pour elle. Elle est toujours la belle Madelonne, et votre très-humble servante et de ma nièce : elle a le même sentiment que nous des jolis vers que nous lui avons montrés.
J’oubliai de vous mander, Monsieur, que Mme de Grignan avoit lu ce que vous écriviez à Mme de Créancé, et ce que Mme de Coligny vous répondit pour elle, c’est-à-dire admiré ; car ce ne sont pas deux choses pour ceux qui lisent ce que vous écrivez tous deux. Je dis la même chose de votre lettre à Furetière, et je pense que ce seroit gâter vos louanges que de les entreprendre en détail. C’est la faute que l’on fait sur celles du Roi ; on n’en voit plus que de triviales, c’est-à-dire, au moins, qui sont usées : ce sont les mêmes superlatifs répétés depuis qu’il règne, et redits dans les mêmes termes ; c’est toujours le plus grand monarque du monde, et un héros passant tous les héros passés, présents et futurs[2]. Tout cela est vrai, mais ne sauroit-on varier les expressions ? Horace et Virgile n’ont-ils point loué Auguste sans redire les mêmes choses[3], les mêmes pensées et les mêmes
- ↑ 7. Cet alinéa qui termine la lettre de Mme de Sévigné ne se lit que dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, où il a été biffé.
- ↑ 8. Voiture avait dit à Mazarin :
Prélat passant tous les prélats passés
Et les présents…Voyez tome VI, p. 102, fin de la note 11.
- ↑ 9. « Sans recommencer les mêmes choses. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)