est vrai que ceux qui ont vu cette belle beauté prunier[1], ont peine à se persuader qu’elle vienne directement du troisième ciel ; je pense qu’on auroit plus de peine que jamais à se l’imaginer. On dit que les visites ne se font plus que pour l’amour de Dieu ; c’est le contraire du temps passé. Il vouloit causer avec vous, ce pauvre garçon ; mais il est si abattu aujourd’hui qu’à peine peut-il parler.
856. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Vous[2] ne songez, ma chère fille, qu’à m’ôter mes craintes sur l’état de votre santé ; je crois même que vous vous cachez à Montgobert : je reçois tous ces ménagements comme des marques de votre amitié ; mais la mienne n’en est guère moins agitée ; et ce qui augmente l’empressement que j’ai de vous voir, c’est pour ne point penser en aveugle sur des vérités qui me sont si sensibles.
- ↑ 18. Mme de Sévigné fait sans doute allusion ici au vieux conte de cet homme qui refusait d’honorer un crucifix fait avec le bois de son prunier, et à l’épître que la Fontaine adressa, en 1680, à Mme de Fontanges, et qui commence par ce vers :
Charmant objet, digne présent des cieux.
— « Cette épître à Mme de Fontanges paraît n’avoir été imprimée, dit Walckenaer, qu’après la mort de la Fontaine ; mais elle circula beaucoup dans le temps, » et avec elle probablement quelques autres pièces rangées par Walckenaer sous les dates de 1679 et de 1680.
- ↑ Lettre 856. — 1. Les deux premières phrases de la lettre manquent dans le texte de 1737, qui commence à : « On me mande que le chevalier, etc. »