Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/129

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vous autres commissaires ne rendiez vos ordonnances que sur des principes bien douteux, et que vous présumiez toujours pour le fisc. Il n'y y a point de terre sans seigneur en voilà un auquel on oppose qu’il n’y a aucune servitude sans titre ; c’est au demandeur à prouver : tout cela est-il vrai ou faux ? Comme il vous plaira, commissaires fieffst[1]

Oui, M. de Vardes m’a conté ce qu’il avoit fait pour vous, ou pour mieux dire pour lui-même, étant certain qu’un homme qui agit pour vous, a le plus clair du profit. La cour nous l’entraîne, il y fait un très-bon personnage : c’est un courtisan libre, que le maître traite bien, à qui il parle toujours, et tout cela sans desir et sans prétention. Adieu je fais ce que je puis pour empêcher Mme de Sévigné de vous écrire ; mais hélas ! mes efforts sont superflus. Je vous prie de me mander si vous croyez qu’il faille prononcer la lettre finale d’un mot, avant ceux qui commencent par une consonne, comme avant ceux qui commencent par une voyelle, comme en ce vers :

Que quand il faut aimer, mais aimer autrement. On se divise fort sur cette question[2] . Adieu, mon cher

  1. 6. Dans la première édition (1773), on avait imprimé ainsi cette petite phrase : « Comme il vous plaira, Commissaire, Fieffét. »
  2. 7. « M. de Vaugelas, dit Ménage, a établi pour une maxime constante que l'r finale ne se faisoit point sentir dans les infinitifs terminés en er. Il devoit dire que cette r finale ne se prononçoit point en ces infinitifs dans la prose ; car elle se prononce à la fin des vers, et au milieu devant une voyelle. Autrement, comme l’a remarqué M. Lancelot dans ses règles de la poésie françoise, on ne pourroit mettre ces infinitifs en vers devant les mots qui commencent par des voyelles, ni les faire rimer avec des noms en er. » (Observations sur la langue françoise, 1672, p. 206.) L’avis de l’Académie française, dans ses Observations sur les Remarques de M. de Vaugelas (1704), est conforme à celui de Ménage. L’abbé Regnier Desmarais, dans son Traité de la Grammaire françoise (édit. de 1706, p. 48), va plus loin.