Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/133

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ouvert de toutes choses? Car la belle Madelonne, qui est de mes amies, n’est pourtant pas vous, et ne vous remplaceroit pas sur mon sujet. Son mari et sa famille remplissent tout son cœur et tout son esprit. Il ne me resteroit donc que votre nièce et notre ami et bien loin de me consoler de vous, ils m’en feroient ressouvenir et vous regretter davantage. Ayez soin de vous, ma chère cousine, et joignez à l’intérêt que vous y avez la considération du repos de Mme de Grignan, et de nous autres vos meilleurs amis. J’ai eu de la philosophie de me passer des honneurs et des établissements que je croyois m’être dus; mais je n’en aurois point pour me passer de vous il me faudroit du christianisme tout pur.

IO47. DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABOTXN.

Douze jours après que j’eus écrit cette lettre, j’en reçus cette réponse.

A Paris, ce i38 novembre 1687.

JE reçois présentement une lettre de vous, mon cher cousin, la plus aimable et la plus tendre qui fut jamais. Je n’ai jamais vu expliquer l’amitié si naturellement, et d’une manière si propre à persuader. Enfin vous m’avez persuadée, et je crois que ma vie est nécessaire à la conservation et à l’agrément de la vôtre. Je m’en vais donc vous en rendre compte, pour vous rassurer et vous faire connoître l’état où je suis.

Je reprends dès les derniers jours de la vie de mou cher oncle l’abbé, à qui, comme vous savez, j’avois des obligations infinies. Je lui devois la douceur et le repos de ma vie; c’est à lui à qui vous devez la joie que j’appor-

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