Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/141

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Saintrailles[1] , gouverneur et gentilhomme de la chambre de Monsieur le Duc, étant embarqué au jeu, le petit prince[2]. se déroba bien finement, et avec trois de ses amis qu’on ne nomme point, se mit dans dans un fiacre, qui les mena à Paris chez une Mme Chevalier, célèbre par le métier qu’elle fait, où ils firent une grande débauche. Le Roi, l’ayant appris, voulut faire chasser les complices de Monsieur le Duc et se plaignit fort à Monsieur le Prince de[3]

1687, et se plaignit fort à Monsieur le Prince de les

    Philistins, et disoit que Marsillac, à cause qu’il avoit peu d’esprit, les avoit tous défaits avec une mâchoire d’âne. » (Mémoires de Bussy, tome II, p. 336.)

  1. 10. Charles de Saint-Lary Bellegarde, seigneur de Saintrailles, mestre de camp de cavalerie en 1678, et premier écuyer du due de Bourbon en 1684, mourut en 1713. C’étoit, dit Saint-Simon (tome VIII, p. 132), un homme sage avec de l’esprit, fort mêlé dans la meilleure compagnie, mais qui l’avoit gâté en l’élevant au-dessus de son petit état, et qui l’avoit rendu important jusqu’à l’impertinence. Ç’étoit un gentilhomme tout simple et brave, mais qui n’étoit rien moins que Poton, qui est le nom du fameux Saintrailles. » Et en annonçant sa mort (tome XI, p. 24) « C’étoit un homme d’honneur et de valeur, le meilleur joueur de trictrac de son temps, et qui possédoit aussi tous les autres [jeux] sans en faire métier. Il avoit l’air important, le propos moral et sentencieux, avare, et avoit accoutumé à des manières impertinentes tous les princes du sang et leurs amis particuliers, qui étoient devenus les siens. Il n’étoit ni Poton ni Saintrailles, mais un très-petit gentilhomme et point marié. »
  2. 11. Louis due de Bourbon, petit-fils du grand Condé, était né le 11 octobre 1668; c’était en juillet 168S qu’il avait épousé, comme nous l’avons vu, Mademoiselle de Nantes.
  3. 12. Voici comment Dangeau (22 octobre) raconte ce fait: « Le Roi avoit attendu que Monsieur le Prince arrivât ici (à Fontainebleau), pour lui parler sur la conduite de Monsieur le Duc son fils dont Sa Majesté n’a pas été contente. Il ne veut plus qu’il voie certains jeunes gens {Dangeau ajoute en note MM. de Beilefonds, Chémeraut, Châteaurenaut et le petit Broglie), qu’il prétend l’avoir accompagné dans un mauvais lieu à Paris. Monsieur le Duc n’a songé qu’à justifier ses amis, et a dit que c’étoit lui qu’on devoit punir, et non pas ces Messieurs, qui avoient fait tout ce qu’ils avoient pu pour le retenir. Monsieur le Duc a été loué de ce procédé-là, et ces Messieurs ne sont point chassés. »