Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/222

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douce s’est gâtée dans ses vaisseaux, des vaisseaux qu’il envoyoit pour débaucher une partie de la flotte angloise, et qui auroient été bien battus[1] s’ils se fussent approchés ; le vent en a égaré et séparé cinq ou six en revenant. Le roi[2] a tout réuni à lui, en lâchant un peu la bride pour la liberté de conscience ; Dieu le protège jusqu’ici. Bonjour, ma très-chère[3] : je ne sais que vous dire de mon amitié, les paroles me manquent, je les trouve trop petites.

1075. DE MADAME DE SÊVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, vendredi 22e octobre.

JE commence par votre cher enfan [4]. Il n’y a rien, ma fille, de si aisé à comprendre que tous vos sentiments; et pensez-vous que nous ne les ayons pas ? Mais nous avons un bonheur qu’il n’a pas tenu à nous que vous

  1. 9. « dans ses vaisseaux. Des vaisseaux qu’il envoyoit pour débaucher une partie de la flotte angloise, auroient été bien battus, etc. » (Edition de I754.)-- « Le sieur Herbert (vice-amiral), dit la Gazette (p. 565 et 566, en date de la Haye le 22 octobre), fit voile il v a quelques jours, avec dix ou douze vaisseaux de guerre hollandois, pour s’avancer vers les côtes d’Angleterre; mais il fut battu d’une tempête qui le mit en danger de périr et le rejeta vers les côtes de la Hollande. » Voyez le Journal de Dangeau, à la date des 11 et 17 octobre.
  2. 10. Jacques II. On lit dans la Gazette du 16 octobre, en date de Londres le 11 : « On a publié une déclaration par laquelle Sa Majesté fait savoir à tous ses sujets que sou dessein est de conserver l’Église anglicane. Sa Majesté déclare aussi qu’elle consent que les catholiques demeurent incapables d’être membres de la chambre des communes, etc. »
  3. 11. «Adieu, ma très-chère et très-aimable. » (Édition de 1764.)
  4. LETTRE 1075 1. Dans l’édition de 1737, par erreur « votre chère enfant. »