Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/231

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vous vous y trouvez, et comme[1] cette pauvre substance qui pense[2] et qui pense si vivement, aura pu conserva sa machine si belle et si délicate, dans un bon état, pendant qu’elle étoit si agitée : vous en faites une différence que votre père[3] n’a point faite. Mais, ma fille, on meurt ici plus qu’à Philisbourg : le pauvre la Chaise[4] qui vous aimoit tant, qui avoit tant d’esprit, qui en avoit tant mis dans la Vie de saint Louis, est mort â la campagne d’une petite fièvre ; M. du Bois[5] en est très-affligé. Mme de Longueval, ou le chanoine, est morte ou mort d’un étranglement à la gorge. Elle haïssoit bien parfaitement notre Montataire ; je suis toujours fâchée qu’on emporte de tels paquets en l’autre monde. Vous voyez, ma fille, comme en tous lieux la mort va prenant ceux qu’il plaît à Dieu d’ôter de celui-ci [6]

Mme de Lavardin me fit hier cent amitiés pour vous,

  1. 15.Comment vous vous y trouvez, et comment, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 16. « Je connus que j’étois une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser. (IVème partie du Discours de la méthode, second alinéa.) Sur la machine à laquelle l’âme est unie, voyez la Vème partie du Discours et le Traité de l' homme
  3. 17. Descartes. On lit dans sa sixième Méditation : « La nature m’enseigne aussi que je ne suis pas seulement logé dans mon corps ainsi qu’un pilote en son navire, mais outre cela que je lui suis conjoint très-étroitement, et tellement confondu et mêlé, que je compose comme un seul tout avec lui, etc. »
  4. 18. Jean Filleau de la Chaise, frère aîné de Saint-Martin (le traducteur de Don Quichotte) et de des Billettes. Né à Poitiers, vers 1630, il publia au commencement de 1688, l’année même de sa mort, son Histoire de saint Louis, divisée en XV livres, 2vol. in-4», Paris, et 2 vols in-12, Bruxelles. Ce livre, dont le succès fut d’abord très-grand, fut mutilé par la censure. La Chaise est l’auteur de la Préface des Pensées de Pascal (1672)
  5. 19 Voyez tome V, p. 111, note 7.
  6. 20. « Voyez comme la mort va prenant partout ceux qu’il plaît à Dieu d’enlever de celui-ci. » (Édition de 1754.)