Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ment de Lorraine : je ne crois pas encore cette nouvelle bien assurée[1].

Adieu, mon cher cousin vous avez fort bien fait d’écrire au Roi ; votre lettre est fort bonne ; vous auriez bien de la peine d’en écrire de méchantes. J’embrasse de tout mon cœur l’aimable Coligny.


1687

1013. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 20e février 1687.

Je ne suis pas surpris, Madame, que le maréchal de Créquy ait appréhendé la mort, quand il a fallu passer le pas ; cela lui arrivoit quelquefois pendant sa vie[2]. Pour Monsieur le Prince, il a eu l’esprit présent et ferme en mourant, comme il l’avoit le jour d’une bataille :

Différents en leurs fins comme en leur procédé.

Le duc de Créquy, qui n’a pas fait tant de bruit dans le monde que le maréchal, étoit un homme d’un bon gros sens, qui avoit les manières d’un grand seigneur ; et je crois que son tempérament et sa longue maladie lui ont fait prendre la mort en patience ; car tout cela y contribue. Pour le duc de Gêvres, il est bien heureux ; cette grâce raccommodera sa maison, et lui fera mieux marier

  1. 12. Ce n’est pas le maréchal de Lorges (voyez tome III, p. 537, note 17), mais le marquis de Boufflers qui eut le gouvernement de Lorraine, vacant par le décès du maréchal de Créquy : voyez la lettre du 28 juillet suivant et la Gazette du 26 juillet 1687.
  2. Lettre 1013. — 1. Voyez tome IV, p. 109, note 2.